Alain Morel,journaliste au bout du rouleau qui n'a plus goût à rien,passe un morne week-end au parc d'attractions belge Plopsaland en compagnie de sa femme et de leurs trois enfants dont il a sa claque.Et voilà que durant la nuit un arc électrique frappe l'hôtel où ils dorment,ce qui provoque des échanges de personnalités,tous les membres de la famille se voyant transportés dans les corps des autres.Revenus de leur surprise,ils décident de feindre de correspondre à leur nouvelle apparence en espérant que la situation finisse par revenir à la normale,ce qui va s'avérer compliqué à gérer.Jean-Patrick Benes coréalisait depuis ses débuts avec son pote Allan Mauduit mais ils font désormais caméra à part,tout en continuant à collaborer vu qu'ils cosignent le scénario de ce second long-métrage solo de Benes.Ca s'inspire clairement de comédies ayant déjà exploité ce postulat,genre "Freaky Friday" ou "L'un dans l'autre",mais en allant beaucoup plus loin car ces films se limitaient à un échange entre deux personnes alors qu'ici on en a cinq,et bientôt six.Forcément ce dispositif induit une grande confusion et au début on ne sait plus vraiment qui est réellement qui,qui est dans la peau de qui,c'est le bordel total.Mais peu à peu on s'y fait, d'autant que les auteurs ont l'habileté d'isoler les personnages,généralement deux par deux,ce qui facilite la compréhension.Il faut avouer que l'idée,pour aberrante qu'elle soit,recèle un potentiel comique puissant.De fait les scènes hilarantes s'enchaînent efficacement et il est tordant de voir des protagonistes au comportement en complet décalage avec leur enveloppe charnelle.La petite Chacha notamment est irrésistible avec ses réflexions raisonnables débitées avec le plus grand sérieux tout en fumant des clopes non-stop.Grands moments également avec la grand-mère transportée dans le corps de sa petite-fille,qui déboule dans une soirée où elle galoche les jeunes copains de celle-ci,sans oublier Alain,transformé en sa femme Sophie,qui va jusqu'à se taper l'amant de son épouse ou encore l'ado Valentine,propulsée dans le corps de son père et dans un vestiaire de rugby plein de mecs se baladant à poil.Le hic,c'est qu'on joue avec les limites,on sent que ça aurait pu être plus acide en allant plus avant dans le mauvais goût mais on évite de trop déborder car ça reste un film grand public.C'est quand même la plupart du temps extrêmement drôle.Après,si on veut pousser l'analyse,il est possible de voir là un éloge du transhumanisme,de la transidentité et de toutes ces transgressions de la Nature si à la mode actuellement,mais la conclusion semble au contraire ridiculiser ces postures avec l'irruption d'un lama qui s'invite à la ronde des transferts lors d'un final qui de plus s'affranchit du happy-end attendu.Pour qu'une telle histoire fonctionne il faut des acteurs talentueux et investis,ce qui est en l'occurrence le cas.Tout le monde y va à fond et au premier degré,ce qui rend crédibles les personnages et les situations.Ainsi Franck Dubosc en adolescente rebelle et Alexandra Lamy en mari dépassé sont parfaitement convaincants,eux qui étaient déjà en couple dans la première réalisation de Dubosc "Tout le monde debout".Les ados Nils Othenin-Girard et Mathilde Roehrich sont aussi formidables mais celle qui crève l'écran est l'incroyable gamine Rose de Kervenoaël,désopilante en maman stressée qui tente de garder le contrôle.D'excellents seconds rôles sont de la fête avec Artus,Jackie Berroyer,Gil Alma,Vincent Primault,Marc Citti,Michaël Vander-Meiren,Philippe Uchan ou l'ex rugbyman Sébastien Chabal.