Grégoire Duval est juré dans une cour d'assises qui doit se prononcer sur le meurtre...qu'il a commis, et dont est accusé le jeune ami de la victime.
Le film aurait pu n'être qu'un cas de figure judiciaire et mélodramatique, et Bernard Blier qu'une crapule laissant accuser un innocent à sa place. Mais le sujet va heureusement plus loin; il expose les tourments psychologiques du juré assassin et, surtout, introduit une métaphore satirique sur la bourgeoisie de province. On devine rapidement la portée symbolique de la jeune femme rayonnante et sensuelle que Duval, dans un moment de désir et de peur,
a étranglée.
C'est l'idée de bonheur et de liberté que le pharmacien a étouffée sous le conformisme moral et social de sa classe.
En voix off, Blier commente la mélancolique lucidité de son personnage, lequel n'a de cesse, durant le procès,
de disculper l'accusé.
Celui-ci, honni et déjà condamné par les notables réactionnaires de Pontarlier, est lui aussi la personnalisation de moeurs qui scandalisent la bourgeoisie ...Il est jeune, il est séduisant...
Lautner, grave une fois n'est pas coutume, n'est pas Clouzot ni même Chabrol. la noirceur sociale et humaine qui enveloppe l'intrigue judiciaire ne s'agrémente pas plus d'humour que de subtilité. On le voit surtout lors des scènes du procès, qui tournent vite à la caricature. Effets de manche et satire appuyés nuisent au propos et même contrastent avec la justesse de la composition de Bernard Blier. L'acteur domine sans mal une interprétation inégale, voire incohérente et médiocre (le dénommé Jacques Riberolles dans le rôle du prévenu).