Grégoire Duval est juré dans une cour d'assises qui doit se prononcer sur le meurtre...qu'il a commis, et dont est accusé le jeune ami de la victime.

Le film aurait pu n'être qu'un cas de figure judiciaire et mélodramatique, et Bernard Blier qu'une crapule laissant accuser un innocent à sa place. Mais le sujet va heureusement plus loin; il expose les tourments psychologiques du juré assassin et, surtout, introduit une métaphore satirique sur la bourgeoisie de province. On devine rapidement la portée symbolique de la jeune femme rayonnante et sensuelle que Duval, dans un moment de désir et de peur,

a étranglée.

C'est l'idée de bonheur et de liberté que le pharmacien a étouffée sous le conformisme moral et social de sa classe.

En voix off, Blier commente la mélancolique lucidité de son personnage, lequel n'a de cesse, durant le procès,

de disculper l'accusé.

Celui-ci, honni et déjà condamné par les notables réactionnaires de Pontarlier, est lui aussi la personnalisation de moeurs qui scandalisent la bourgeoisie ...Il est jeune, il est séduisant...


Lautner, grave une fois n'est pas coutume, n'est pas Clouzot ni même Chabrol. la noirceur sociale et humaine qui enveloppe l'intrigue judiciaire ne s'agrémente pas plus d'humour que de subtilité. On le voit surtout lors des scènes du procès, qui tournent vite à la caricature. Effets de manche et satire appuyés nuisent au propos et même contrastent avec la justesse de la composition de Bernard Blier. L'acteur domine sans mal une interprétation inégale, voire incohérente et médiocre (le dénommé Jacques Riberolles dans le rôle du prévenu).

inspecteurmorvandieu
5

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Georges Lautner

Créée

le 15 oct. 2024

Critique lue 60 fois

Critique lue 60 fois

D'autres avis sur Le Septième Juré

Le Septième Juré
oso
8

Émancipation tardive d'un pro du cacheton

Quand Lautner sort l’acide sulfurique de l’armoire à pharmacie pour mettre un coup de javel corrosif à la bonne moralité, il ne le fait pas à moitié, et ne s’arrête que lorsque le vernis des fausses...

Par

le 16 sept. 2014

29 j'aime

3

Le Septième Juré
Morrinson
8

Justice factice et paix sociale

Quel drôle d'effet que de se lancer dans ce Lautner, réalisé une année avant le film pour lequel il est aujourd'hui célèbre (Les Tontons flingueurs), en y attendant une comédie gentillette et...

le 31 août 2016

26 j'aime

5

Le Septième Juré
-Marc-
8

Lautner fait son Chabrol

Un meurtre fait apparaître l'hypocrisie méprisable de la bourgeoisie d'une petite ville de province. Pour éviter de fouiller parmi eux, tous s'acharnent sur le mouton noir, un jouisseur, séducteur et...

le 5 sept. 2016

21 j'aime

2

Du même critique

Le Château de verre
inspecteurmorvandieu
4

Critique de Le Château de verre par inspecteurmorvandieu

Incontestablement, René Clément a su donner de la rigueur à ce drame sentimental classique, à cet adultère d'un jour entre une bourgeoise lassée et un séducteur cynique. Il est vrai également que le...

le 20 oct. 2024

2 j'aime

Le glaive et la balance
inspecteurmorvandieu
4

Critique de Le glaive et la balance par inspecteurmorvandieu

Le titre du film est un peu ronflant mais annonce la couleur en dissociant le châtiment et l'esprit de justice.Après un inutile prologue, André Cayatte entre dans le vif de son sujet -il est l'auteur...

le 6 déc. 2024

1 j'aime

1

Trois Amies
inspecteurmorvandieu
8

Critique de Trois Amies par inspecteurmorvandieu

Trois amies, dont l'une, interprétée par India Hair, occupe le devant de la scène de façon plus grave, se débattent dans les nombreuses formes amoureuses qu'Emmanuel Mouret met à leur disposition...

le 9 nov. 2024

1 j'aime