L'homme qui jouait aux échecs avec la Mort.

Soucieux d'enrichir ma culture et d'obtenir le brevet de sens critiqueur*, je m'attaque donc à ce film.
D'entrée de jeu, la peur m'assaille un peu, un voix off cite la Bible, l'Apocalypse. J'ai peur de m'ennuyer à mourir devant un truc atroce. Je ne connais point Bergman et je ne sais donc pas de quoi est capable le bonhomme.
Je fais confiance à mes éclaireurs car je les ai choisis, donc je n'etiens pas mon lecteur Blu Ray/console de jeu.


Voilà qu'un croisé se lève et que la mort vient le cueillir. L'homme désabusé, las, en quête de réponse, souhaite gagner du temps et défie la Mort aux échecs. Petit futé.
Ainsi il peut continuer sa route pendant que la Mort continue son office là où sa présence est vraiment indispensable. Cet homme, ce croisé, est accompagné d'un écuyer fidèle, locace et érudit.
Les meilleures répliques lui sont d'ailleurs réservées.
Des saltimbanques nous sont présentés, une couple avec un nourrisson : une femme charmante et un homme qui voit les phénomènes divins... Ils vont avec leur directeur de troupe. Un coureur.
La gaité, la légèreté, l'espoir et l'avenir sont incarnés par ce couple et cet enfant.
Tout ce beau monde se retrouvera en route et se joindront à eux un forgeron cocu au coeur d'artichaut, un peu soupe au lait, mais tellement manipulable, sa femme, légère et une jeune femme.


Bergman installe dès le départ une ambiance pesante, avec la Mort, somme toute assez effrayante et cette peste qui ronge le pays.
On assiste à plusieurs scènes réussies et marquante. La première est la confession du croisé. Ses doutes, son monologue sont remarquablements écrits et interprétés.


Il y a cette procession, lugubre, où l'on se flagèle, où l'on fouette au travers d'une epaise fumée purifiante. La Peur est là et le peuple s'agenouille, prie pour son salut. Sous la menace.


Pendant ce temps, dans les tavernes, on condamne joyeusement le premier venu. Ah s'il est acteur, c'est que c'est lui le coupable.... Eh bien dansez maintenant, que le chaland rie grassement à vos dépends. Ah les boeufs, abjects en masse.


Outre le propos, la photo, la mise en scène. Outre la Mort qui rode, tantôt bucheron ou moine. Outre l'ambiance bien installée, on se prend à rire avec ce film. Notamment via les répliques de Jöns, l'écuyer, qui s'adressant à des soldats à propos d'une sorcière qu'ils s'apprêtent à bruler vive demande : "pourquoi en pleine nuit, les gens ont besoin de distractions"


Bref on tient là, un oeuvre à la fois intéressante dans le fond et dans la forme, et la noter ce soir, me parait presque injuste... Ah que j'aimerais avoir plus de points de comparaison. Enfin ça viendra...


*cf la liste de Guyness : http://www.senscritique.com/guyness/liste/38042/bunuel--bergman--tarkovski--etc----revise-tes-classiques-si-tu-veux-ton-brevet-senscritique-com--/


Édit : j'ai oublié de te parler de la scène des fraises, mais bon tu peux aussi voir le film, si ce n'est déjà fait.

Kenshin
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le 1 déc. 2011

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Kenshin

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