S'il n'est pas trop tard, Ingmar
Ingmar, si tu m'entends, j'ai un truc à te dire. Ça ne prendra pas longtemps, j'ai cinq minutes et toi l’Éternité, alors n'aie crainte, je viens en ami.
Du passé, faisons table arabe ! Je viens pour m'excuser et, au diable les varices, je vais faire ça dans les règles.
Je te jure que j'avais tenté à de nombreuses reprises de t'approcher, et à chaque fois, une furieuse envie de crever, trop lourde à porter, me faisait plier sous son poids et déverser ma bile sur ton compte.
Tout le monde (ou presque, donc) y allait de courbettes en révérences, de « Qu'il est beau, mon Ingmar!» en quolibets sur ma personne pour n'avoir vu tes œuvres, les dithyrambes des biques réussissant à me convaincre de t'accorder un moment.
Mes choix de films n'ont certainement pas été les plus judicieux, j'en ressortais anéanti. Je te détestais.
Je suis, j'en conviens, un peu con.
Con mais obstiné, besogneux et surtout, pas rancunier. Car, je le dis encore ici et après j'arrête, j'ai appris l'art délicat du nœud-coulant grâce à ta Flûte Enchantée (ouais ça peut prêter à confusion, mais je ne parle pas de ton vît, rassure-toi, surtout qu'à l'heure où je bave, ton membre doit ressembler à un Dodo. Tu sais, cet oiseau qui ne volait pas mais qui a disparu quand même).
Et voilà Le Septième Sceau.
Me voilà bien perplexifié. Je viens de tomber en amour devant un de tes films, Ingmar.
Tu m'as pris en traître. J'ai juste envie de chialer tellement ça bouleverse mon petit univers. Ce coup de Trafalgar, Ingmar, tu as trouvé ma longueur d'onde et donné envie de manger des fraises. La mort, ça doit te parler davantage quand tu commences à être cerné par les enterrements, c'est sombre mais éblouissant et ça t'accroche de la première à la dernière image.
Même après, puisque me voilà m'excusant.
Tu as remarqué ? Pas une rime avec slibard ou bâtard. Alors ? Sans rancune ?
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