Le Sergent Rutledge est accusé par sa hiérarchie d'avoir violé et tué une petite fille ; il risque la peine capitale à l'issue de son procès. Point particulier : il est de couleur noire, ce qui vaut contre lui des relents de racisme.
Tourné durant la fin de la Ségrégation, c'est un film qui parle de son époque, où l'on ostracisait un homme en fonction de sa couleur de peau. C'est ce qu'on lui reproche dans ce procès où, parce qu'il est noir, il aurait fait ceci ou cela.
Aussi stupide soient les raisons, elles mettent en évidence que l'Amérique a souffert depuis des siècles du racisme.
Même si l'action se passe en 1881 et que c'est un western, on peut aussi dire que c'est un film de procès, où les différents évènements nous sont narrés en flash-back par l'ami du sergent, joué par le très bon Jeffrey Hunter.
On peut même dire que l'action du film est inutile car le procès est en lui-même un tour de force, aussi bien scénaristique que dans la mise en scène toujours alerte de John Ford, alors sur la dernière partie de sa carrière. Il est aidé en cela par le magnifique Woody Stroode, ce grand baraqué, mais qui en a en lui un regard mélancolique, et pour qui l'armée compte plus que tout. D'ailleurs, il dit lui-même que si il n'était plus dans ce corps de métier, il se considérerait comme un sale nègre.
Je suis très client des films de procès, car on a souvent des retournements de situation, et il y en a pas mal dans cette histoire, notamment avec Constance Towers, qui joue une femme sauvée par le Sergent Rutledge, et qui constituera une de ses défenses.
C'est très fort de la part de John Ford d'avoir fait un tel film : parler de la liberté, qu'on soit blanc ou noir, par le prisme du Western.