Là, je me sens à l'aube d'être moyennement objectif. Mais que voulez-vous, ce film dégage un tel parfum d'exotisme, dans des décors sensationnels (en carton pâte mais pas que), des couleurs de rêve, des fleurs tropicales, des jeunes filles toutes belles, même la méchante grande-prêtresse, que je m'y sens retrouver mes jeunes années. Je suis sûr que j'aurais adoré ce film plus jeune. Je m'y serais même vu à sauver la belle.... A 67 ans, j'apprécie encore avec deux petits regrets, toutefois, c'est qu'il ne dure que 70 petites minutes et que les danses (rituelles) sont (quand même) un peu trop pudiques.
Il est clair que ce film était très certainement destiné à un jeune public. Et puis 1944, à Hollywood, on ne devait pas trop transiger avec ces choses-là surtout pour un jeune public.
L'histoire se passe dans des îles au large de l'Inde (ou d'un pays analogue). Le jeune Kado (Sabu !) est un grand ami de Ramu (Jon Hall) qui va se marier avec la belle Tollea (excellente Maria Montez). Mais voilà qu'elle est enlevée par un individu louche et muet (Lon Chaney Jr) et envoyée dans son ile d'origine, l'île des cobras. Déjà là, un frisson délicieux s'empare du spectateur (enfin de moi, quoi). Evidemment, Kado et Ramu ainsi qu'un mignon petit chimpanzé, vont aller sur l'île des cobras pour tenter de récupérer la belle Tollea. Ce qui est facile à comprendre. Mais là, ils vont se rendre compte que la reine (Mary Nash) qui est la mère de Tollea, l'a faite revenir pour prendre la place de la sanguinaire grande prêtresse qui n'est autre que Naja, la sœur jumelle de Tollea. Evidemment on s'en doute le Ramu va avoir forte affaire à ne pas confondre les deux femmes (la sœur gentille et la sœur méchante). Même que …
Bien sûr que l'histoire en couleurs très vives est cousue de gros fil blanc, bien sûr que le scénario est truffé d'invraisemblances concernant les personnages mais il faut bien avouer aussi que 70 minutes pour tout expliquer (à un public exigeant comme celui de SC), c'est un peu court.
Bref, l'apothéose (qui se produit deux fois) c'est la cérémonie où apparaît King Cobra dans un grand coup de gong (comme il se doit). Bien entendu, la grande prêtresse et ses suivantes sont tenues de danser (au son de la flûte) pour amadouer le monstre qui se lèche les babines avec sa langue fourchue … C'est d'ailleurs là que j'aurais encore plus été ravi de voir des vraies danseuses du ventre (style "le tombeau hindou" ou "le Tigre du bengale" de Fritz Lang). Mais bon, on ne peut pas tout avoir (d'un coup).
Oui, un petit bijou que ce film, très probablement une série B mais où tous, du réalisateur (étonnant et très professionnel) Robert Siodmak aux acteurs, jouent le jeu comme si leur vie en dépendait.
Très kitsch et très délicieux, vous disais-je …