Ce huis-clos à trois personnages, tourné dans l'immédiate après-guerre, est une parabole de l'Occupation. L'attitude silencieuse des deux personnages français, un oncle et sa nièce, face à l'officier allemand qui a réquisitionné une des pièces de leur maison correspond à la soumission digne et acceptable (par opposition bien sûr à l'esprit de collaboration) des vaincus face à aux nouveaux maîtres.
Pour autant, le général allemand joué par Howard Vernon ne symbolise pas la barbarie nazie ou la présence criminelle allemande. Au contraire, Von Ebrennac est un francophile sensible, amoureux de l'estimable culture française. Vercors, l'auteur du drame que Jean-Pierre Melville met en scène, invoque tout au long du film, par l'intermédiaire du monologue de l'officier, le rapprochement intellectuel et culturel possible entre la France et l'Allemagne (de l'après-guerre s'entend). L'attachement progressif et non-dit entre l'occupant indésirable et la jeune fille française augure, de façon symbolique, d'un espoir de paix et de réconciliation entre deux pays aux cultures complémentaires selon Vercors, aujourd'hui plus facilement imaginables.
La mise en scène narrative de Melville est d'une sobriété exemplaire et rejoint parfois, bien que ce soit ici le sujet qui l'exige, une certaine rigueur bressonienne.