C'est avec une pointe de déception que j'achève le visionnage du "Skylab", film sympathique mais assez inégal et très convenu au final.
J'espérais que Julie Delpy parviendrais à apporter une touche d'humour et de folie plus marquée à ce canevas rebattu du week-end familial.
Bien sûr, la nostalgie de ces seventies finissantes fonctionne à plein, et le portrait que fait Delpy de ces années ne manque ni de véracité ni de saveur. Mais l'ensemble reste assez plat.
C'est d'ailleurs le parti-pris choisi par la comédienne-réalisatrice franco-américaine : saisir des instants de vérité en laissant respirer son film, étirant les plans et les séquences, parfois plus que de raison. Au risque de tomber dans l'anecdote, ou de laisser certaines scènes s'éterniser, à l'image de l'histoire interminable racontée en voiture par Eric Elmosnino.
Autre problème du "Skylab", en multipliant ainsi les personnages, Julie Delpy a pris le risque de les survoler tous et d'en délaisser certains, dont on se demande un peu ce qu'ils foutent là (coucou Aure Atika et Sophie Quinton).
Toute la première partie apparaît ainsi laborieuse : les présentations s'éternisent, et on attend vainement de se marrer ou de s'émouvoir. Heureusement, on finit par s'intéresser peu à peu à cette tribu, grâce à l'implication des comédiens.
Parmi ce casting pléthorique, on retiendra notamment Denis Ménochet en para désoeuvré, Candide Sanchez en représentant de commerce lubrique, ou encore les deux mamies très dignes mais un peu poivrotes (Bernadette Lafont et Emmanuelle Riva).
Dans la seconde moitié du film, le point de vue se recentre sur la petite Albertine, 11 ans, alias Julie Delpy enfant, suivant une trame attendue mais efficace (d'autant que les gamins s'en sortent bien). En outre, Vincent Lacoste crève l'écran dans son personnage d'ado citadin branleur et fragile, qui s'affirme face à ses cousins péquenots et aux "pupuces" locales...
Bref, Julie Delpy nous offre une attachante galerie de personnages aux accents autobiographiques, au sein de laquelle chacun devrait pouvoir piocher ses propres souvenirs.
Dommage simplement que "Le Skylab" ne décolle jamais vraiment, plombé peut-être par sa structure en flashback pas très utile, surtout lorsqu'on voit la pauvreté des scènes d'ouverture et de clôture, avec Karin Viard incarnant une Albertine adulte.