Denis Ferrand (Jean Gabin) rangé des voitures depuis des lustres, s'occupe d'affaires prospères (restaurant chicos, bar, etc ) rencontre une des ses anciennes relations du temps de l'Indo, Jim (Robert Stack), lui, par contre juste sorti de Sing-Sing. Tout le monde n'a pas le flair pour s'assagir à temps. Comme dit Denis Ferrand, "la chance ça se fabrique"
Mais voilà, Denis Ferrand "s'emmerde comme un rat mort" et les retrouvailles lui donne des idées pas pour se refaire, puisqu'il a déjà ce qu'il faut, juste pour le sport ou le fun.
C'est un polar que je connais depuis des lustres (aussi) et que j'apprécie toujours car l'action est bien menée avec un suspense de bon aloi. Même si le film n'a plus trop de secrets pour moi, j'apprécie toujours les moments clés très bien mis en scène avec les acteurs principaux mais aussi (et peut-être surtout) avec la floppée d'excellents seconds rôles dont Jean Topart, Pierre Kulak, Suzanne Flon, Lucienne Bogaert, etc .
Le scénario est relativement simple mais pourtant, à la fin de la projection, j'en suis toujours à m'interroger à propos du grain de sable qui va gripper la machine : était-ce une condition nécessaire et suffisante, était-elle juste suffisante ou seulement nécessaire ? Et ça, outre le fait que ça m'amuse, c'est pour moi la preuve que le scénario est parfaitement crédible et le film très efficace.
Les dialogues d'Alphonse Boudard sont aussi très efficaces et ma foi, plutôt percutants. "Je suis comme les vieux chênes, tous les ans une épaisseur de plus "
Les trois acteurs principaux sont excellents.
Jean Gabin dans son rôle d'ancien truand chez qui le voyou ne fait que sommeiller, prêt à se faire une fiesta (culinaire) avec son ancien pote juste après que des méchants soient venus défoncer sa cambuse. Quinze ou vingt ans auparavant, nul doute que certains détails auraient été fignolés flingue en main. Là, on fait plus dans la tolérance, dans le compromis. Par exemple, quand Betty (Margaret Lee) s'invite dans la partie, ça n'aurait pas fait un pli vingt ans auparavant. On l'aurait flinguée. Là, le père Gabin finit par admettre rapidement qu'elle peut être une alliée.
Et ça, ça rend drôlement crédible le personnage qui accepte de déroger à la règle qu'il s'était fixée.
Justement le personnage de Betty interprété par cette actrice que je ne connais pas (ou ne crois pas connaître), Margaret Lee, est très troublant. "Fais-gaffe, elle est extrêmement mariolle" dira Gabin en parlant d'elle. Son personnage est celui d'une femme de tête, qui n'a qu'un objectif, c'est de ramasser de l'oseille (par tous les moyens) et sera pas loin d'y parvenir. Là aussi, c'est un personnage très crédible.
Reste Robert Stack, le Eliott Ness de légende des séries "les incorruptibles", qui parle français avec un bel accent. Ici il joue le rôle du copain d'antan de Gabin, du temps où ils faisaient les cent coups ensemble. C'est aussi le profil du looser qui sorti de tôle essaie de se refaire comme homme de main. Son rôle c'est celui d'un faux dur qui illusionnera Gabin qui refusera de voir en lui les faiblesses. Encore un personnage crédible.
Suspense, courses-poursuite (celle de la benne à ordure en particulier), un peu de violence, des dialogues ad hoc, tous les ingrédients du bon polar sont là et en plus ça fonctionne.