Stan et Simon sont deux policiers parisiens inséparables.Coéquipiers,amis de longue date,ils s'apprêtent à démissionner de la maison Poulaga pour partir ouvrir un hôtel aux Antilles.Sauf qu'un soir ils repèrent dans une boîte de nuit Schneider,un braqueur ultra-violent qu'ils cherchent à coincer depuis longtemps.Ils tentent de l'arrêter mais ça tourne au vinaigre.Simon est tué,Schneider parvient à s'échapper.Dès lors Stan n'a plus que la vengeance en tête,et quand deux ans plus tard la présence du truand est signalée dans les parages,il entame la chasse à l'homme."Le solitaire" est le chant du cygne du système Belmondo,la fin d'une longue série de films action-polar qui voyaient la star faire des cabrioles en roulant des mécaniques,ce spectacle suffisant à drainer les foules dans les salles.On sentait depuis un moment le vent tourner,avec des oeuvres de plus en plus faibles,et celle-ci clôt le cycle sans panache.Bébel est pourtant entouré d'une solide équipe,principalement composée de complices habituels,mais le coeur n'y est plus vraiment et tout ça tourne un peu à vide,d'une manière mécanique et sans grande conviction.Le réalisateur Jacques Deray,qui signe ici son quatrième et ultime film avec Belmondo,déroule une mise en scène fonctionnelle mais sans relief,peinant à dynamiser le scénario banal et poussif qu'il a coécrit avec l'écrivain Alphonse Boudard,l'ex flic Simon Michaël,fidèle collaborateur de Zidi,et Daniel Saint-Hamont,le scénariste attitré d'Arcady.Jean-Paul Belmondo produit le film avec sa société Cerito Films et c'est son frère Alain qui est producteur délégué.L'équipe technique comprend quelques pointures comme le chef-op Jean-François Robin,le monteur Henri Lanoë ou le maquilleur Charly Koubesserian,encore un grand pote de la vedette.Ca se regarde à peu près,sans passion ni intérêt particulier,même si la belle photo au grain eighties de Robin et une excellente musique tendue spécial polar signée Dany Schogger donnent une ambiance crépusculaire à un récit plat mais inscrit dans une atmosphère désabusée.Pour le reste on a lâché la bête et JPB accomplit sans retenue son numéro hyper extraverti de commissaire grande gueule,gros biscotos,gouailleur,ironique,ultra-violent et totalement affranchi des lois.Il cogne,y compris ses collègues,il flingue,il intimide,il bidouille les procédures,il menace,il braque et il fait à l'occasion évader un détenu parce que ça l'arrange.Un policier comme ça n'irait pas très loin aujourd'hui,et même à l'époque c'eût été invraisemblable.Le gars est un peu un sale con mais c'est pour la bonne cause vu que c'est pour servir la vendetta qui est le seul élément d'un script plat et sans imagination.En fait l'histoire parait calquée sur celle du Deray-Belmondo précédent,"Le marginal",sorti quatre ans plus tôt.Entre deux entorses au règlement le gars tombe toutes les filles qui passent avec une dérisoire facilité,changeant de nana chaque jour,ce qui là encore n'est guère crédible parce que Bébel,comme séducteur irrésistible,c'est pas vraiment convaincant avec sa gueule de boxeur qui a perdu trop de combats.Il y a aussi l'arc narratif niais à pleurer avec le héros contraint de gérer un gamin pénible et con qui n'est autre que son filleul et le fils de son défunt copain Simon,c'est l'instant tendresse montrant que le guerrier priapique a malgré tout un coeur,non mais sans blague.Super JP se démène comme un beau diable,il court,il mouline des bras,il distribue les mandales et les sourires ravageurs,mais ce numéro ne marche plus,ça devient même fatigant et ce sera la dernière fois car ensuite l'acteur se contentera de faire des comédies et des drames.Il est vrai que physiquement ça commence à décliner et les cascades sont mises en sourdine,il y en a peu dans le film bien que Rémy Julienne et Claude Carliez soient toujours aux affaires.Comme de coutume Belmondo occupe l'essentiel de l'espace mais beaucoup de bons comédiens sont présents autour de lui avec un très bon Jean-Pierre Malo en gangster cinglé,des flics incarnés par Pierre Vernier,le coincé spécialisé dans la paperasse,Michel Beaune,le rival fielleux,ou Jean-Claude de Goros,encore un Arcady's man,en supérieur arrangeant.Michel Creton,l'ami intime,se fait étaler dès le début,Bernard Freyd est le distingué chef de la PJ,François Dunoyer a trop la classe en braqueur manipulé,Henri-Jacques Huet et Bernard Farcy sont savoureux en frangins parrains mafieux et l'inconnu Guy Pannequin,qui a fort peu tourné,a une extraordinaire gueule de malfaiteur vicelard.Le môme s'appelle André Landais et sa carrière a tourné court,ce qui n'est ni étonnant ni regrettable.En ce qui concerne le gynécée,c'est du top niveau mais les gonzesses passent en vitesse,avec l'air de se relayer,chacune ayant sa scène à tour de rôle.La belle Evelyne Dress tient un night-club dans lequel se produit la Brésilienne Carlos Sotto Mayor,qui prouve ici qu'en plus de ne pas savoir jouer elle ne sait pas chanter non plus.Mais bon,c'était à l'époque la meuf de Jean-Paul,donc sa présence ne se discute pas.Catherine Rouvel,autrefois partenaire de Bébel dans "Borsalino",a encore de beaux restes en mère maquerelle tandis que parmi les conquêtes de Stan apparaissent Patricia Malvoisin en robe moulante,mmmm,et une Valérie Steffen terrassante en maillot de bain,gloups!La pépée du gangster est la divine Yolande Gilot,surprenante en pasionaria du crime mal embouchée,"et toi tu souris quand on t'encule?",balance-t-elle à un Vernier interloqué.Quelques utilités bien connues traversent l'écran,à l'exemple d'Henri Attal en gardien de prison ou Lionel Vitrant qui se fait piquer sa camionnette.Notons que Farcy et Vitrant se retrouveront seize ans plus tard dans "Taxi 3",mais ils n'ont aucune scène ensemble ni dans un film ni dans l'autre.Note et critique de film de Jacques Deray publiées précédemment:"Le marginal"-3.Moyenne:3.

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le 3 oct. 2024

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