Il faut vraiment avoir été fan de Bebel pour tolérer le visionnage de ce "Solitaire", dont le titre même annonce un programme connu d'avance : en effet, dans la peau de l'éternel superflic gouailleur et borderline, Jean-Paul Belmondo a déjà été "marginal", "professionnel", "alpagueur", et j'en passe...
Ici, notre héros national a aussi la particularité d'être endeuillé, puisqu'il voit son collègue et poto (Michel Creton) se faire dessouder dès le début du film, à la suite d'une interpellation en mode cow-boy qui a mal tourné. Du coup, adieu la pré-retraite aux Antilles, et bonjour la vengeance personnelle.
On assiste donc à une sorte de vigilante movie à la française, davantage pour les dialogues vulgos et misogyne que pour les exécutions sommaires ou les prouesses physiques (Belmondo vieillissant et mal remis d'une blessure se limite au strict minimum au niveau des cascades).
Autour de ce scénario squelettique vient se greffer un arc narratif consacré au jeune fils blondinet du défunt collègue, dont Bebel se trouve être le parrain : un clin d'œil au public familial qui ralentit encore le rythme déjà hésitant de l'intrigue.
En bon fan du comédien et de ses films commerciaux que je matais dans mon enfance, je sauve quand même les ambiances urbaines du Paris des eighties, quelques punchlines rigolotes (signées Alphonse Boudard) ainsi que la troupe de fidèles seconds rôles qu'on retrouvait souvent dans ce genre de productions (Michel Beaune, Pierre Vernier, plus Bernard Farcy et Jean-Pierre Malo).
Mais pour la dernière de leur quatre collaborations, on ne peut pas dire que Jacques Deray et Jean-Paul Belmondo se soient trop foulés, ce dernier se permettant d'ailleurs lui-même de critiquer "Le solitaire" après sa sortie.