Là-haut
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le 19 oct. 2021
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Le sommet des dieux est sans nul doute l’un des films d’animation français les plus aboutis de la décennie.
Adapté du célèbre manga éponyme de Jirô Taniguchi – mon manga préféré, un incontournable pour tout lecteur aficionados du genre –, lui-même adapté d’un roman feuilletonnant écrit par Baku Yumemakura entre 1994 et 1997, je m’inquiétais que la tâche ne soit trop lourde pour l’équipe française et qu’un film d’1h30 ne puisse condenser les 5 tomes et 1500 pages d’une œuvre aussi foisonnante et passionnante que celle de Taniguchi.
Eh bien je dois tirer mon chapeau : le travail d’adaptation est absolument remarquable ; l’histoire est fluide, poétique et captivante, et on sent à travers le scénario du film un immense respect et une grande humilité face au matériel de départ. Les magnifiques décors de montagne, par exemple, sont extrêmement ressemblants aux dessins de Taniguchi.
Il faut dire que le réalisateur Patrick Imbert maîtrise. Animateur et directeur artistique sur des projets ambitieux comme Ernest et Célestine en 2012 ou Avril et le monde truqué en 2015, il était passé dès 2016 à la réalisation avec l’excellent Le Grand Méchant Renard et autres contes.
Réaliser un film prend toujours du temps. Mais réaliser un film d’animation, c’est une tout autre affaire… Il aura fallu plus de 4 ans au projet pour aboutir. C’est le scénariste Jean-Charles Ostéro, fan absolu du manga, qui lance la production du long métrage. Progressivement la scénariste Magali Pouzol, puis le réalisateur Patrick Imbert rejoignent le projet.
L’intrigue s’articule autour de trois destins mêlés.
Le premier concerne l’un des plus grands mystères de l’alpinisme mondial, l’histoire vraie de la tentative d’ascension de l’Everest par George Mallory et Andrew Irvine en 1924. Le 8 juin cette année-là, la cordée disparaît sur les pentes du toit du monde. Une seule question est alors sur toutes les lèvres : ont-ils péri au cours de l’ascension, ou bien lors de la redescente vers le camp de base. Seul l’appareil photo Kodak de Mallory et une photo au sommet pourrait éclairer la planète alpine sur la question. L’affaire Mallory et Irvine ne s'arrête pas là car la légende de l’alpinisme Conrad Anker annonce en 1999 avoir retrouvé le corps de Mallory, mais pas de trace du fameux appareil photo. En l’absence du Kodak, l’exploit des premiers hommes à avoir foulé le sommet revient au sherpa Tenzing Norgay et à l'alpiniste Edmund Hillary pour leur ascension en 1953.
Cette question est au centre de la quête du Sommet des dieux. Notre deuxième destin est celui d’un journaliste japonais qui, par hasard chez un antiquaire, tombe sur un appareil photo en tout point semblable à celui de Mallory…
Le troisième arc narratif est celui d’Habu, un alpiniste sombre et solitaire, du genre taiseux, ancienne star de la discipline, prêt à tout pour repousser les limites et gravir l’impossible.
L’animation du Sommet des dieux donne le vertige. Le tracé des dessins, notamment lors des séquences en montagne, prend aux tripes. Impossible de rester insensible à tant de beauté : on sortant de la projection, j'avoue que l'on est à deux doigts d’aller s’acheter un billet pour le Népal !
L’image est par ailleurs accompagnée d’une magnifique bande originale signée Amine Bouhafa, compositeur franco-tunisien qui a signé notamment les envoutantes musiques de Timbuktu, La Belle et la Meute, Gagarine ou plus récemment le documentaire césarisé Les filles d’Olfa. Le Sommet des dieux est ainsi un plaisir aussi bien pour les yeux que pour les oreilles !
Le long métrage de Patrick Imbert est sans conteste l’une des plus belles claques artistiques de ces dernières années, au côté de films d’animation français comme J’ai perdu mon corps ou Josep. Le film, présenté en Sélection officielle au festival de Cannes 2021, a notamment remporté haut la main le César du meilleur film d’animation l’année suivante.
Et nous, on ne s’en lassera jamais, c’est l’ivresse des hauteurs !
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Créée
le 21 mars 2024
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