Le directeur artistique d'une maison de haute couture française apprend que son père, qu'il ne voyait plus depuis plusieurs années, vient de disparaitre subitement dans son Québec natal. Il va devoir traverser l'Atlantique afin de gérer les problèmes liés à la succession, mais sur place, il va découvrir d'autres choses liées au passé de son paternel.
Jusqu'à la garde est peut-être le meilleur premier film des années 2010, incroyablement maitrisé et qui mettait réellement les foies. Il est étrange que Xavier Legrand n'ait pu réaliser Le successeur que cinq ans plus tard, dans une configuration apparemment plus modeste, alors qu'il était couronné de succès et de prix. Et s'il parlait de violences, ici on la retrouve sous une autre forme, que je ne veux pas dévoiler, car le film repose sur un secret inavouable, que Marc-André Gondrin, impeccable, va vouloir en quelque sorte protéger, car il sait que cela pourrait affecter sa carrière en plein essor.
Mais peut-être que là, les ficelles narratives sont peut-être plus visibles, à cause de plans un peu plus appuyés (comme celui inaugural qui représente le défilé, une sorte de spirale vue du ciel), et des moments silencieux où on s'attend trop souvent à ce qui va se passer. Le tout avec une musique par moments inspiré de Neon Demon de Cliff Martinez.
Cela dit, je ne veux surtout pas dénigrer le film, qui a pour lui une direction d'acteurs impeccable ainsi que quelques petits moments de tension, mais Le successeur parle aussi d'hérédité, à savoir l'héritage que va devoir supporter (subir ?) ce film en proie à de profonds doutes existentiels.
Cela dit, Xavier Legrand reste un réalisateur tout à fait passionnant, et j'espère qu'il ne mettra pas cinq ans de plus avant de voir son troisième film.