Cette seconde adaptation du roman de Richard Matheson, "Je suis une légende", est assez éloignée du livre, le propos est simplifié au maximum pour privilégier l'action et permettre à Charlton Heston, producteur du film, de tenir tête à une bande de mutants hostiles et teigneux. Il n'y a pas de réflexion, c'est d'autant plus plus curieux que la décennie 70 reste comme l'une des meilleures en terme de SF alarmiste ou pessimiste avec des films post-apocalyptiques ou d'anticipation montrant un futur peu joyeux (Soleil Vert, THX 1138, Rollerball...).
La première adaptation du roman de Matheson en 1964, Je suis une légende (the Last man on earth) avec Vincent Price, était plus fidèle mais peu passionnante, elle est donc passée inaperçue. Le Survivant reste toutefois efficace, la réalisation est confiée à Boris Sagal, un excellent réalisateur de TV-films et de mini-séries, mais il est plus conventionnel pour le cinéma, sa mise en scène est basique et n'ennuie pas, et je préfère cette version au remake de 2007 avec Will Smith qui reprenait le titre du bouquin de Matheson, Je suis une légende, (qui est devenu un classique de la SF). D'autre part, il est toujours amusant de voir les rues désertes d'une grande cité ; ces scènes ont été tournées le dimanche matin dans le quartier d'affaires de Los Angelès.
Sagal n'évite pas quand même quelques défauts, notamment une BO peu adaptée à l'action du film, des looks de mutants un peu ridicules, et quelques bizarreries comme quand Heston laisse trainer son fusil lorsqu'il s'éloigne ; dans ce monde peuplé de créatures dangereuses, c'est pas très crédible. Mais qu'importe, les décors d'après guerre bactériologique sont corrects, l'ambiance est parfois tendue, il y a quelques scènes impressionnantes, bref le spectacle est assuré, il manque juste un peu plus de profondeur comme dans Soleil Vert.