Le dieu noir et le diable blond
Il y a toujours quelque chose d’un peu réjouissant pour la part la plus masochiste de notre humanité de l’imaginer finissante, évaporée, de préférence à grand fracas et de donner à voir une terre future débarrassée ou presque des petits vermisseaux nuisibles qui s’agitaient naïvement à sa surface enfin redevenue calme et hospitalière… Normalement, c’est à ce moment que débarquent dans le film les hordes de punks à cuirs cloutés harnachés d’armes désuètes et que tout recommence comme à l’ordinaire…
En résumé, c’est chouette comme tout le post-apo et la thématique suffit en général à assurer un moment agréable en profitant des différentes variantes : le désert et la course à l’essence, les villes abandonnées, les guerres des gangs… le tout dans une délicieuse ambiance de survie qui permet de tout recréer sur l’ancien, un vrai petit bonheur de spectateur…
Ici, deuxième adaptation du classique de Richard Matheson, plus de Vincent Price, pas encore de Will Smith, c’est Charlton qui s’y colle avec ses airs habituels de Christ exhibitionniste je-m’en-foutiste et comme toujours le point de départ est sympa et visuellement très efficace. Après, je n'ai pas encore lu l'oeuvre originale mais j'ai l'impression fugace que sur le même sujet Jack London offrait quelque chose de bien plus intelligent à son lecteur...
Los Angeles désertée, on a beau dire, c’est quand même un terrain de jeu assez délicieux… On est très loin ici de la puissance visuelle du New-York de Le Monde, la Chair et le Diable, mais c’est sympatoche, Charlton se conduit comme un gros civilisé modèle, comme s’il était seul au monde en quelque sorte d’ailleurs, c’est un peu ça…
Et puis arrivent les hordes barbares à demi vampires, les albinos encapuchonnés de noir, la secte médiévale et on se félicite de voir qu’ils ne sont pas tombé complètement dans le zombisme du Will Smith qui atteignait des niveaux de ridicule assez rarement égalés… Donc, bonne nouvelle, il leur reste une part d’humanité et ça ce n'était pas gagné… en fait si on analyse le truc, le Messie psychopathe a probablement fait plus de bien à l’espèce humaine que le survivant du titre qui les tire comme de la vermine et fait en cela montre d’une véritable absence d’esprit sportif tant la bande d’Amishs se refuse par politesse à utiliser à son encontre la technologie des temps anciens… A se demander si les fanatiques ont vraiment tort de considérer notre héros comme le mal absolu…
Et donc, dans le gros bordel qui va suivre, c’est assez sympatoche, même si, bien entendu, la complexité du sujet n’est qu’apparente et parfaitement démentie par la suite, comme si l’incroyable n’importe quoi du traitement donnait une impression erronée pour ce qui est quand même un invraisemblable naveton que je me surprends à noter plus généreusement que ce bon drélium, en soi, une gageure qui vaut presque le déplacement…