Une femme marionnette manipulée par un homme démiurge

Contrairement au roman éponyme (2010) de Dina RUBINA, le film se déroule uniquement en Russie, à Moscou et à Saint-Pétersbourg. C’est un film riche (comme le roman) qui aborde plusieurs thèmes ; celui des maladies génétiques et du syndrome d’Angelman (décrit par le médecin éponyme en 1965) et qui se traduit par un retard intellectuel, un sourire persistant sur un visage figé et une peau pâle. Sa transmission par les femmes évoque une malédiction. D’où la souffrance de Lisa (Tchoulpan KHAMATOVA), au teint diaphane et à la chevelure rousse


et qui a donné naissance à un tel enfant, comme sa mère (qui s’est suicidée alors qu’elle avait 1 an)


. Le 2nd thème est celui de Pygmalion (raconté par Ovide dans « Les métamorphoses »), sculpteur qui tombe amoureux de sa création Galathée, rendue vivante par Aphrodite. Le thème n’est pas nouveau et a été adapté, depuis, à de nombreuses reprises, tant au théâtre [par George Bernard Shaw en 1914 par exemple] qu’au cinéma [par George Cukor dans « My fair lady » (1964)] mais sa richesse n’empêche pas chaque artiste d’en donner sa version. Ici, il s’agit d’un marionnettiste, Piotr (dont le diminutif est Petrouchka) (Evgueni MIRONOV), à la fois éperdument amoureux de sa femme, Lisa (


qu’il connait depuis l’âge de 8 ans alors qu’elle avait 1 an


) et qui est aussi son partenaire de spectacle


et amoureux du mannequin qu’il a créé, Alice, reproduction identique à Lisa (absente car internée en hôpital psychiatrique


). L’interprétation remarquable des 2 acteurs, la qualité de la photographie (notamment des intérieurs aux couleurs chaudes), le recours aux marionnettes pour certaines scènes (Petrouchka désigne aussi le personnage de la « Commedia dell’ arte », Polichinelle, associé au double sens de l’expression, « Avoir un polichinelle dans le tiroir »), témoignent du talent de la réalisatrice. Néanmoins, sa volonté d’être originale, à la limite du maniérisme, réduit l’émotion du spectateur, notamment par l’abus des flash-backs et des ellipses trop confuses.

bougnat44
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le 17 févr. 2021

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