Balibar/Bonnard : l'alliance de deux caractères, a priori dissemblables, la sophistiquée contre le fruste, pour être rapide, sert parfaitement le propos du Système Victoria, une adaptation subtile du roman de Éric Reinhardt. Le film décrit avec précision la pression énorme reposant sur les épaules d'un directeur des travaux d'une grande tour en construction, avec des délais impossibles à tenir et un management à adapter, entre la carotte et le bâton. Mais Le système Victoria est aussi l'histoire d'une relation étrange, dont on ne connaîtra jamais tous les tenants et les aboutissants, entre une dominante et un dominé, pour faire court, là aussi. Un récit de prédation et de manipulation, pas nécessairement limpide, à la fin de la projection mais fascinant, de par les questions que le film pose sans y répondre de manière avérée. Y a t-il quelque chose de plus spectaculaire que les relations humaines, quand celles-ci reposent sur une bonne dose d'ambiguïté et de mystère ? Après la belle réussite de De grandes espérances, Sylvain Desclous montre, en tous cas, sa grande maîtrise des ambiances inquiétantes entre désir, souffrance et ambivalence, toujours dans un monde du travail se rapproche de plus en plus des principes de la chaîne alimentaire.