Apprendre à tambouriner en visuel avec Oskar.
Film assez haché s'il en est, mais c'est probablement parce que le côté autobiographique du livre saute quasiment entièrement et qu'Oskar sert plus de ciment. Ce gnome de trois ans est beaucoup moins puissant à l'écran : ses cris vitricides sont ridicules et Bennent a toujours la même expression sur le visage, qui même si elle est empreinte d'une certaine folie, manque de nuance. Du reste, on a plus vraiment accès à sa psychologie ou alors de façon superficielle : la narration en voix off la rend mal. On sent moins que c'est son regard, on voit pas tout à fait à travers ses yeux. Le tout me laisse une impression bizarre de robe aux coutures grossières. C'est mal amené ? Enfin, le film montre ce qu'il a à montrer : le retrait du monde d'Oskar, son enfance choisie et son impartialité ainsi que les scènes clefs du roman ; il nous montre le nazisme qui vient et qui s'installe dans le bol de soupe du petit Matzerath, mais aussi les Russes qui viennent salir son tambour, auquel il est attaché, bien que l'obsession soit moins flagrante : on dirait qu'il trimbale un nounours. Bref, parce qu'il occulte trop d'aspects intéressants du roman (la rédaction de mémoires, la symbolique du tambour, le rapport d'Oscar avec Jésus et le diable, sa perception des femmes, Düsseldorf et j'en passe), le film me laisse froid. La réalisation a choisi de laisser de côté viande, sauce et gras au profit de l'os, ce qui est dommage. Je note aussi que les personnages du film sont beaucoup plus beaux que ce que je m'étais imaginé. Un tremplin vers le livre par sa bizarrerie, je suppose. C'est passable, mais décevant, quoique je sois peut-être trop sévère Voilà. L'emploi d'un style vieillot-début-du-cinéma pour montrer l'ancienneté de ce qu'il évoque au début du film est bien, cela dit.