De Funès face à Gabin dans des rôles calibrés pour eux, c'est le genre de film façonné pour ses 2 vedettes, où le réalisateur s'efface et où les techniciens restent ébahis en voyant leur faconde. En 1968, c'est le troisième film où Gabin et De Funès sont réunis, sauf que là, ce dernier y apparait en égal, c'est à dire en co-vedette, son nom est en haut de l'affiche à côté de Gabin, contrairement à la Traversée de Paris où il n'était qu'un second rôle brillant dans une séquence marquante, et le Gentleman d'Epsom où il gravissait un échelon supplémentaire dans la hiérarchie mais restait un second rôle.
Ici donc, c'est carrément une confrontation, les 2 vedettes y occupent des emplois dont ils sont familiers : Gabin en ex-légionnaire râleur et gueulard qui cabotine un max, De Funès en brocanteur arnaqueur et vénal qui trépigne. Sur des dialogues savoureux de Pascal Jardin qui s'écartent d'Audiard mais donnent dans le fleuri subtil, c'est une comédie à la française typique de son époque de réalisation où le réalisateur laisse les 2 poids lourds du ciné français en roue libre, le genre de duo indémodable qui ne vise qu'à détendre et où la fantaisie fonctionne à plein régime pour un bon moment de rigolade. J'adore tellement ce film que lors de rediffs à la télé, je me laisse prendre au jeu, sans doute est-ce un plaisir coupable, bien que je n'ai aucune culpabilité...
A noter que le tournage en Périgord a eu lieu dans le château du Paluel, non loin de Sarlat, un château féodal qui était effectivement en piteux état et inoccupé pendant longtemps, je l'ai aperçu souvent lors de balades périgourdines, mais lorsqu'il fut racheté en domaine privé, un gros rideau d'arbres l'a masqué complètement...