Un film de Denys de la Patellière réalisé en 1968. Je n'évoquerai ni les évènements de 68 qui ont perturbé ou pas le tournage puis le montage du film ni la mésentente potentielle entre Gabin et De Funès. Ce dernier point peut avoir aussi bien une incidence positive (s'il y a émulation) ou négative (dans ce cas, le film ne se réalise pas). Si le film est sorti, c'est qu'au fond tout s'est bien passé, le reste n'est que discours pour faire causer les journalistes.
C'est le ressenti du film par le spectateur qui est le seul juge de paix. Et dans le cas du tatoué, il y a deux façons d'apprécier ce film.
La première est d'admettre le scénario loufoque au départ à savoir un marchand d'art (De Funès) veut acheter un tatouage fait sur le dos d'un légionnaire (Gabin) par Modigliani. Pour le revendre au centuple à des américains, of course. Le légionnaire prend la mesure de l'affaire et en profite pour faire refaire son château par le marchand d'art. Il y a une espèce de morale dans ce film qui est "on ne peut pas tout acheter" ou encore "l'argent ne fait pas le bonheur" puisque l'avide marchand d'art en prise avec la société moderne finit par être convaincu que le mode de vie du légionnaire est bien plus satisfaisant. Dans cette façon d'apprécier le film, il suffit de se laisser aller et suivre les caractères antagonistes de Jean Gabin et de De Funès qui finissent par se rapprocher pour finir amis ou complices. On a affaire à un divertissement qui vaut ce qu'il vaut (et toujours mieux que certaines comédies récentes). La note qu'on pourrait mettre serait de l'ordre de 6.
La deuxième est de considérer qu'il y a peut-être un scénario mais que les deux loustics Gabin et De Funès n'en font qu'à leur tête avec un metteur en scène qui a jeté l'éponge, se disant finalement que la différence de style et leur faconde naturelle seront bien suffisantes pour créer des gags et des numéros rigolos. Le calcul n'est pas forcément faux, d'ailleurs. Mais là on tombe sur un bec car les deux acteurs étant quasiment en roue libre, font un cabotinage éhonté avec une forte tendance à tirer la couverture à soi. Que ce soit De Funès ou Gabin, il n'y a d'ordinaire pas besoin de les pousser. Ici, ils s'en donnent à cœur joie, chacun jouant son rôle sur sa propre logique. Le problème c'est qu'on ne voit plus qu'eux. Les seconds rôles comme l'entrepreneur joué par Paul Mercey ou encore le peintre joué par Virlogeux ont du mal à exister. Alors qu'il y avait de l'idée (insuffisamment exploitée) dans ces deux personnages. C'est comme Dominique Davray, qui est une bonne actrice "à tempérament", a ici un rôle d'épouse hystérique (pour ne pas employer un adjectif pas sympa) qui la dessert complètement.
Le résultat de cette façon de voir le film est qu'on finit par s'y ennuyer car l'histoire n'est, du coup, pas extrêmement passionnante d'autant que lorsqu'on a sous la main un gag, on le ressert plusieurs fois des fois que le spectateur n'ait pas tout compris la première fois. De plus, mon esprit affreusement cartésien ne peut s'empêcher de penser qu'une option n'a jamais été examinée dans le scénario ou plutôt se base sur la parole. Voilà qu'un doute m'assaille : et si le tatouage était un faux ? Tout ça pour dire que j'ai du mal à me convaincre de l'histoire. La note qu'on peut attribuer à cette façon de voir ne dépasserait pas 4.
Là, j'ai bien voulu faire preuve d'objectivité dans mon analyse mais je dois quand même avouer que ce film que j'ai vu de nombreuses fois à la télé, ne m'a jamais vraiment convaincu … Au final, je ne vais pas me mouiller en attribuant une note à 5 …