Le Tatoué a pour attrait de réunir deux grandes stars des années 60 : Louis de Funès, alors à sa période la plus prolifique, et Jean Gabin, dont le succès est désormais lointain puisqu'il a connu un succès similaire à celui de De Funès, mais dix ans auparavant.
L'idée de la confrontation est pertinente, mais elle ne se suffit pas à elle-même, d'autant plus que la prestance ternie d'un Gabin sur le déclin pourrait décevoir. Mais le problème ne vient pas tant de l'acteur que de l'écriture de son personnage, qui partage avec d'autres une bonne répartie doublée d'une fâcheuse tendance à gueuler tout le temps. Un mélange que je ne raffole personnellement pas.
De Funès nous sert toujours la même soupe, mais qu'importe puisqu'il reste toujours bon... Cependant tous les autres personnages crient, rient, jouent du clairon, et le film ne souffle jamais. Lorsque Lyne Chardonnet s'esclaffe de manière ininterrompue, c'est drôle une minute, mais Le Tatoué pousse le comique de répétition trop loin. A trop vouloir faire rire, Le Tatoué fait du comique à la truelle.
Tout est prétexte à générer un comique de situation, quitte à mettre de côté un scénario qui tient déjà sur une ligne. Tout est bon pour voir De Funès et Gabin faire des arts martiaux ou du patin à glace sur un plan fixe sur fond vert de quinze secondes. Le Tatoué trouve juste des prétextes pour leur faire jouer les guignols.
Et si je suis sévère, c'est surtout parce que je trouve dommage de ne rien proposer d'autre. Alors oui, c'est une comédie assez grossière qui n'a pour ambition que de nous faire passer du bon temps sans se prendre la tête, et en soi ça fonctionne (quoique les hurlements incessants sont assez fatigants). Ce qui est dommage, c'est qu'on trouve aisément mieux en comédie de l'époque, et que ce film ne cherche aucunement à se démarquer puisqu'il possède un duo dont il pense qu'il se suffit à lui-même. C'est un peu céder à la facilité.
Bien sûr, Le Tatoué parvient à être drôle ponctuellement. Mais à mesure que le film avance, il perd de la saveur, tombe dans un humour vu et revu, témoigne d'une morale trop simpliste... Il bonne une triste impression de bâclage (et j'apprends à l'instant que le scénario a été écrit au jour le jour, pendant le tournage !). Mais tout cela n'empêche pas la réussite commerciale, le film étant classé six semaines en tête du box-office... Comment les blâmer ?