Le dernier Solondz est une sorte de relecture libre d' Au Hasard Balthazar de Bresson, mais avec un teckel, dans l'Amérique d'aujourd'hui. Le chien passe de main en main, 4 propriétaires différents, du coup 4 histoires qui n'ont aucun lien apparent si ce n'est la présence du clébard, qui change de nom en fonction de chaque proprio, s'appelant soit Saucisse, soit p'tite crotte. A part un lien apparent entre la première et la seconde histoire, Solondz ne s'embête même pas à montrer comment et pourquoi le chien change de patron. ça pourrait même être un chien différent. Ce n'est pas ça qui l'intéresse en fait. A travers ces 4 histoires et une fois de plus, Solondz s'attarde sur la cruauté du monde, sur le pourquoi il ne tourne pas rond alors qu'il suffirait de pas grand chose pour que..., mais surtout, sur la manière dont les gens sont victimes de la cruauté des autres. Un film assez buñuelien en fait. On reproche beaucoup à Solondz son cynisme, mais ici je ne le trouve pas cynique pour un sou. Déjà parce que son personnage central c'est le teckel, et que celui-ci est le témoin de la cruauté du monde (la fin en est le parfait exemple) mais aussi et surtout parce que dans chacune des 4 histoires il y a des personnages qui sont bons, et qui souvent sont les victimes des autres, et c'est le point de vue de ces personnages-là qui est épousé par Solondz, pas celui des ordures. C'est l'enfant malade dans la première histoire, la jeune femme jouée par Greta Gerwig dans la seconde, le génialissime Danny de Vito dans la troisième et dans la quatrième, c'est certes la vieille femme, mais aussi sa petite fille qui quelque part est elle aussi une victime. Elle est jouée par Zosia Mamet, actrice que j'adore via Girls, et que j'aimerai voir plus au cinéma. Sinon je me disais que rarement une oeuvre moderne n'avait eu autant de cohérence que celle de Solondz. C'est bien simple, tout son corpus de films est uni, semble n'être fait que d'un bloc, c'est superbe à constater, et il est génial d'enchainer ses films, tant c'est cohérent. Certes on en ressort avec un certain désespoir sur la condition humaine. Du coup, je rêve qu'un éditeur français ait les couilles de sortir un coffret br rassemblant l'intégralité de son oeuvre, il n'y a pas tant de films que ça, ça doit être faisable.