Un homme gênant.
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Après une première salve de poliziottesco à l’influence très italo-italienne, la deuxième vague du genre va s’inspirer très largement du cinéma américain et, notamment, de classiques comme L’Inspecteur Harry ou Un Justicier dans la ville. Avec ce Témoin à abattre, Enzo G. Castellari se lance dans le genre en revendiquant cette influence majeure. Mâchée et ressassée, cette influence donne naissance au personnage du commissaire Belli, un commissaire rentre-dedans, qui a le coup de poing et l’insulte faciles qui va se muer en ange vengeur et exterminateur à partir du moment où on va s’attaquer à son entourage. C’est, en Italie, la création de la figure du policier-justicier qui marquera au fer rouge le genre de façon durable. Ainsi Maurizio Merli, un des acteurs majeurs du poliziottesco, sera la réplique parfaite de ce commissaire Belli dans toute une série de films où il tiendra la vedette. Deux ans plus tard, il sera ainsi le commissaire Betti dans Rome violente avec, lui aussi, la moustache, afin de ressembler davantage encore à Franco Nero.
Quand on connaît l’importance de Maurizio Merli dans le poliziottesco, on comprend l’empreinte importante laissée par ce film qui pose les jalons d’un genre supposé beaucoup plus fascisant avec ses flics qui tirent dans tous les coins et qui estiment, à tout bout de champ, que "la police a les mains liées". En personnage excessif, Franco Nero en fait, cela va de soi, des caisses. Gueulard à ne plus en pouvoir, porté vers l’action sauf quand il enfile ses petites lunettes de gendre idéal ou quand il est aux côtés de sa fille chérie, il est au fondement de l’archétype du flic brutal et fonceur. Le film, lui-même, annonce parfaitement cette deuxième vague du poliziottesco : de l’action, des dialogues en forme d’assertions politiques et un brin de guimauve pour rendre l’ensemble encore plus cruel. En amateur de films d’action, Enzo G. Castellari met le paquet avec une poursuite inaugurale en voitures d’une dizaine de minutes qui décoiffe et un final très inspiré du cinéma de Sam Peckinpah avec une fusillade agrémentée de nombreux ralentis.
Il faut cependant convenir qu’il ne s’agit pas de sa meilleure contribution au poliziottesco. Si le film est un influenceur majeur dans l’histoire du genre, il souffre d’une intrigue brouillonne où les scènes s’enchaînent sans être forcément bien liées. On a ainsi le sentiment d’un film où se côtoient des idées novatrices (la narration qui utilise souvent le flashback pour mieux pointer du doigt l’attitude obsessionnelle de son personnage principal) mais aussi un certain je-m’en-foutisme (le récit n’est vraiment pas un modèle de limpidité). En revanche, la mise en avant de Gênes est une incontestable réussite. Dommage que tous les atouts ne soient pas mis bout à bout dans ce polar un peu foutraque qui bénéficiait des présences toujours éclairées et éclairantes de Fernando Rey (qui a dit French connection dans un film qui fait sans cesse référence à ce réseau ?) et de James Withmore dont c’est la seule incursion dans le genre. Un film indispensable pour mieux comprendre le genre, mais dispensable pour celui qui ne s’y intéresse pas vraiment.
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le 20 mai 2024
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