Après la guerre, Jean Epstein ne tournera plus que deux oeuvres.
Il est regrettable que la mort nous ait privé trop tôt du cinéaste car avec le recul, sans doute aurait-on pu avoir de nouvelles choses dans son cinéma à ce moment-là. Même s'il reste sur le noir et blanc, les films s'ouvrent cette fois au parlant. Bien sûr il y avait déjà de la musique auparavant via les partitions accompagnant les films muets quand ils étaient projetés. Bien sûr il y a eu Les berceaux en 1931 (disponible dans le coffret DVD que Potemkine édita) mais c'était plus un poème musical sur la musique de Gabriel Fauré.
Dans Le tempestaire, la parole est limité.
On parle peu dans le film si ce n'est pour y déposer quelques informations (la tempête qui gronde, une jeune fille qui s'inquiète pour son homme parti en mer...) ou pour accentuer un effet répétitif qui accentue l'étrangeté de l'oeuvre.
Au départ ce petit bijou fantastique prend racine dans une légende bretonne, celle des souffleurs de vent. A partir de là, Epstein va jouer non seulement donc avec le son mais aussi l'image (outre la parole, notons que le son est ralenti tout comme les marées qu'on semble comme entrevoir par la boule du fameux tempestaire) pour créer un climat de sidération.
Autant Finis terrae et Mor'vran signaient l'apogée artistique du cinéaste, autant Le tempestaire, en entrouvant une voie miraculeuse vers l'ailleurs, s'impose comme un véritable chef d'oeuvre du court au même titre que bien plus tard, une certaine Jetée de Chris Marker.
Dommage dès lors que la mort nous priva d'une nouvelle renaissance du cinéaste.