Le Tempestaire par Fritz Langueur
Ce qui frappe d'abord les premières minutes, c'est le jeu des acteurs, très empreint du maniérisme des films muets. Mais très vite on se laisse gagner la force visuelle incroyable qu'Epstein apporte à son sujet. On y retrouve toutes les fulgurances, les audaces qui faisaient l'aplomb de son cinéma dans les années 1920/30. La mer, objet de toutes les passions, de toutes les peurs, la mer nourricière ou meurtrière est de tous les plans, filmée ou sonore. Elle ranime toutes les angoisses et l'on partage l'émoi de cette jeune fille qui monte crescendo, prêt à se fier aux vieilles croyances. Cette œuvre souligne également une société qui évolue, la fin d'une époque, qui se brise telle une lame contre le rocher, ou bien encore comme la boule de verre du Tempestaire qui sombrera dans l'oubli... à l'image d'un Epstein dont le cinéma créatif, ambitieux et novateur est tombé alors en désuétude...