A première vue, le temps de l'innocence semble être un film en costume, le moins "scorcesien" des films de Scorcese. À première vue seulement. Il est question, comme dans tous ses films, des poids conjugués du destin et des codes sociétaux. Newland Archer (Daniel Day-Lewis), promis à la jolie May (Winona Ryder), tombe amoureux d'Ellen (Michelle Pfeiffer) qui fuit son époux russe, sans pour autant être divorcée.
L'enjeu du film paraît simple : Newland va t-il quitter sa fiancée pour rejoindre celle qu'il aime ? Derrière cette intrigue bateau se dressent les jeux de pouvoirs et les codes sociaux. On est très loin du milieu populaire de Gangs of New-York. C'est à l'opposée de la société que tout se passe. L'action se déroule dans le nouveau monde, mais seuls les codes de la vieille société victorienne gouvernent les actions des protagonistes. Codes : le mot est lâché. Dans le temps de l'innocence, il n'y a pas d'arme et pas de sang. On y meurt socialement parlant, sans hémoglobine, mais d'une façon aussi radicale que dans les affranchis.
La caméra de Scorcese enveloppe les personnages comme le velours et le satin qui les habille. Pas ou peu de cuts, beaucoup de fondus, il utilise parfois des volets ou des masques pour fabriquer un cadre dans le cadre, façon de renforcer la sensation d'étouffement.
LA FIN, RACONTÉE POUR BRILLER EN SOCIÉTÉ/ EMMERDER VOTRE VOISIN/ S'EN SOUVENIR :
Newland Archer reste marié avec celui de May. A la toute fin de sa vie, il a une occasion de retrouver Ellen mais ne la saisis pas. Les conventions ont été plus forte que leur amour.