Pour son premier film, Frédéric Chignac n'a pas choisi la facilité, ce qui est tout à son honneur et de ce point de vue plutôt réussi. En effet, il est loin le héros arrivant dans un village paumé d'Afrique pour protéger ses habitants de l'armée omniprésente sur place. Au contraire, nous avons affaire à un personnage plutôt médiocre, ayant conscience de l'être et se comportant même parfois de façon abjecte. De prise de conscience il n'y en aura quasiment pas, ne faisant que renforcer l'intelligence, mais surtout l'extrême lucidité et pertinence du propos sur la nature humaine. Autre point fort : on ressent bien l'attente interminable que doit subir celui-ci, si bien qu'on ne peut pourtant s'empêcher de compatir un minimum devant sa situation.
Hélas, si cela fonctionne très bien pendant une bonne moitié, le scénario finit par sérieusement tourner en rond, Chignac ayant en définitive utilisé presque toutes ses cartouches en matière de rebondissements et d'enjeux durant la première heure. Conséquence directe : c'est d'un œil nettement plus las que j'ai suivi une intrigue n'avançant plus beaucoup (littéralement), bien qu'elle conserve quelques moments très pertinents, notamment l'opposition entre Stéphane Guillon, plutôt bien, et Eriq Ebouaney, magistral. Assez frustrant donc, mais ces débuts en demi-teinte derrière la caméra, pouvant s'appuyer sur l'audace de sa démarche et la noirceur de son dénouement, n'en restent pas moins honorables.