Beau téléfilm humain ne cherchant toutefois jamais l'angélisme, le politiquement correct et encore moins l'excès d'optimisme, « Le Temps des égarés » fait preuve d'intelligence et de recul pour parler d'un sujet complexe et pour le moins d'actualité : l'immigration. Et ça fait du bien d'avoir un regard subtil sur cette question où tout le monde a un avis tout en racontant souvent n'importe quoi. À travers un panel assez varié de personnages, aux situations et aux aspirations très différentes, Virginie Sauveur pose de bonnes questions, ne fait jamais de démagogie, montre la situation extrêmement difficile de personnes ayant fui leur pays, ce qui ne les empêche pas d'être bien plus humaines et respectables que nombre de nos concitoyens.
De plus, choisir comme protagoniste principale une femme elle-même immigrée profitant avec beaucoup de cynisme des clandestins pour leur soutirer de l'argent en échange de son aide a quelque chose d'assez culotté, peu aimable, son « évolution », bien qu'assez prévisible, restant toutefois assez crédible et pas trop enjolivé. On pourra juste regretter certaines sous-intrigues moins convaincantes, du moins pas forcément exploitées, notamment celle tournant autour d'Alice Belaïdi et surtout de Biyouna, peu convaincante (la sous-intrigue). Mais l'impression reste globalement fort positive, confirmé par une interprétation de qualité, Claudia Tagbo réussissant son contre-emploi, la jeune et très convaincante Hadja Traore et surtout l'excellent Amer Alwan que je suis surpris de découvrir seulement maintenant. Une réussite.