Berlin, avant et après 1989. Dani et sa bande (Mark, Rico, Paul, Pitbull) ont grandi au temps du socialisme est-allemand. La chute du mur de Berlin les fait entrer dans un autre monde, un univers où se mêlent musique techno, bière de Leipzig et une pointe de vandalisme. Insouciants malgré les reproches que leur adressent leurs parents, ils sont heureux dans leur vie jusqu'à ce que leur route croise celle de skinheads. S'ensuit une escalade de violence qui va successivement couler
la boîte de nuit underground qu'ils géraient, puis les entraîner dans des bagarres de rues inégales... On suit alors le destin tragique des cinq garçons à travers le regard de Dani et différents flashbacks-souvenirs.
Si la manière de filmer justifie parfaitement la participation du film à la dernière Berlinale, le scénario et son exploitation n'ont rien d'extraordinaire. La construction temporelle est une succession de souvenirs plus ou moins lointains (d'un côté l'école, de l'autre l'histoire récente) jusqu'à ce que la réalité rattrape les souvenirs. En résulte un format "biopic" d'une génération partagée entre son éducation socialiste et ses déboires de grands enfants. On développe un certain intérêt pour les personnages, pour leur mode de vie d'inconscients satisfaits, sans s'empêcher de les trouver un peu pathétiques quand ils remettent les pieds sur terre. La bande de Dani est le véritable centre de l'histoire, et est mise en valeur par une façon de filmer particulière. En effet, certains plans qu'on pourrait qualifier d'expérimentaux sortent du lot : je pense surtout aux scènes de tension avec éclairage d'un stroboscope, difficiles à supporter pour les yeux mais intéressantes d'un point de vue artistique. D'autres plans provoquent l'incompréhension ou le questionnement sur leur utilité, comme une scène où Dani semble vouloir embrasser/faire l'amour à une quinquagénaire ou celui où la jeune fille dont Dani est amoureux montre qu'elle sait uriner en s'accroupissant. Toutefois, dans l'ensemble, la régie gère. Autre originalité, la séparation en chapitres des souvenirs, avec des polices aux couleurs variées.
Un film qui joue beaucoup sur les émotions donc, et qui réussit plutôt bien. Les deux heures passent relativement vite via un rythme parfois rapide et haletant, parfois ralenti et pensif.
PS : Fumer tue.