Les retrouvailles de 2 acteurs fantastiques

Jean-Marc Peyrefitte signait ce 1er film en 2021 dans lequel il met en lumière un président de la République oublié aujourd’hui, Paul Deschanel. De lui, on a retenu qu’il est tombé en 1920 du train présidentiel, en proie à des troubles psychologiques de plus en plus forts. Le film commence d’ailleurs par cette scène, très drôle, quand il est ramassé et recueilli par un cheminot qui ne croit pas un mot de son identité et croit avoir affaire à un illuminé. Deschanel avait été élu quelques mois plus tôt face à George Clemenceau auréolé de son surnom de « Père la Victoire », défendant une paix très dure contre l’Allemagne et n’ayant jamais digéré sa défaite. Dès l’annonce de la « disparition » du Président, Clemenceau revient sur le devant de la scène, bien décidé à occuper la fonction qui lui a échappé. Ce film dispose d’un atout indéniable : ses comédiens, fantastiques, Gamblin interprétant un Deschanel drôle et sensible et dont les troubles vont se dégrader avec la pratique du pouvoir (hallucinations, obsessions, phobies…) et Dussolier un Clemenceau plus roublard que jamais. Leurs passes d’armes et leurs piques sont délectables. Ce film a aussi le mérite de réhabiliter Deschanel, Président pendant 6 mois avant qu’il ne démissionne mais idéaliste et dont les idées étaient en avance sur leur temps : droit de vote aux femmes, création d’écoles maternelles, abolition de la peine de mort, limiter les décisions du Traité de Versailles afin d’éviter une future guerre de revanche…Un homme souvent tourné en ridicule, jusqu’à aujourd’hui d’ailleurs et dont on découvre pourtant toutes les qualités, moqué par les médias de l’époque dont on commence à voir les effets pervers (Clemenceau était aussi journaliste…). Le film aurait pu être un peu plus rythmé à certains moments, ça reste une comédie qui s’appuie sur des personnages historiques mais il est agréable.