Le Tombeau des lucioles
8.2
Le Tombeau des lucioles

Long-métrage d'animation de Isao Takahata (1988)

Le seul reproche un tant soit peu tangible à l'encontre d'Hotaru no Haka est un "misérabilisme" que certains pourraient juger trop excessif. Enfin... bof... même pas besoin de m'étendre là-dessus, je vous renvoie vers les trois premiers paragraphes de la critique de moumoute. Je n'aurais pas dit mieux.


Cela dit, je risque de paraître un poil élogieux si je n'ai rien d'autre à reprocher à cette oeuvre. Ou plutôt dirais-je « chef-d'oeuvre » de la japanime.


Le Tombeau des Lucioles, j'en sors tout juste. Je ne l'avais pas revu depuis quasiment une décennie, autant dire que j'appréhendais un tout petit peu : allait-il me faire le même effet qu'à l'époque ? Parce qu'il faut dire qu'entre temps j'ai un esprit critique qui s'est développé, j'ai découvert des choses nouvelles et originales.


Toutefois cette crainte est très vite balayée et ce, dès les premières minutes.
Déjà, constat évident : en FULL HD, c'est tout simplement magnifique.


La patte artistique en elle-même n'a pas pris une seule ride, quelques à-côtés portent des séquelles, mais c'est extrêmement minime quand on voit les détails des cadres urbains et naturels. Que ce soit des villes dévastées dont chaque plan recèle un "avant" profond et laisse présager un "après" difficile ; et le jeu des couleurs ou les mimiques qui s'adaptent naturellement à ce qu'ils veulent illustrer comme le calme avant la tempête, l'humour intempestif, la tristesse virulente, la mort inéluctable...


Ca me tue de voir qu'il est possible de penser que Le Tombeau des Lucioles n'existe que dans le but de faire chouiner le spectateur. Certes, l'histoire est construite sur une redite particulière qui suit les traces de ce frère et de sa soeur qui rencontrent des épreuves souvent cruelles. Mais à aucun moment je n'ai entendu un "appel" aux mouchoirs et aux pleurs. Même la tante qui est supposée être la garce de service est finalement touchante, puisqu'elle est victime elle aussi de cette guerre, ses méchancetés ou la rudesse de ses propos qu'elle lance à Seita la dépasse ; la guerre a le don de tuer, mais pas que, elle rend les êtres égoïstes et ingrats malgré eux.


Si le film m'a noué sur place, si j'ai eu la gorge serrée et des picotements aux yeux en le revoyant... c'est parce qu'il réussit brillamment à démontrer que l'animation est avant tout une technique louable, plus qu'un genre ! Qu'elle peut aller au-delà de l'impensable pour raconter la détresse. Qu'elle peut conter la beauté et l'amour d'un frère à une soeur qui n'ont pas eu la chance de naître à la bonne période. Ca semble terriblement simple, et pourtant c'est troublant et magique à la fois. Le fait de pouvoir montrer l'horreur avec autant d'explicité, sans tomber dans la facilité... Mais le récit n'est pas voué à être qu'une tirade tristounette, on a également des instants de pur envol des deux lurons principaux. C'est aussi au détour de leurs ballades qu'est montré le quotidien tourmenté des civils et, en dépit d'un postulat léger, cela ne fait que s'amplifier à mesure qu'il évolue puisque même en sachant le destin des personnages dans la prélude, l'émotion gagne les frontières du réel tout en gardant une part fantaisiste, et celle-ci se magnifie grâce au style d'Isao Takahata.


Le Tombeau des Lucioles, c'est un message anti-guerre universel.
C'est une toile vierge comme l'âme de la petite fille, Setsuko, entachée par les bombes imprévisibles et ternie par l'obscurité ambiante au travers des paysages.
C'est une soirée d'alcoolos dépressifs et Bambi, à côté, une soirée festive.


Le Tombeau des Lucioles, c'est ma centième critique ; et j'en profite pour remercier tous ceux qui m'ont consacré un peu de leur temps à me lire jusqu'ici.

Créée

le 26 janv. 2014

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Eren

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