Le Tombeau des lucioles
8.2
Le Tombeau des lucioles

Long-métrage d'animation de Isao Takahata (1988)

J'évite comme la peste les films à haute densité émotionnelle. Voir un film pour chialer, ça ne fait pas partie de mes délires. Les films "ordinaires" me font déjà chialer pas mal sans avoir besoin de regarder des films spécialisés en la matière. Mais une certaine plateforme de streaming mettait l'intégrale des films du studio Ghibli en ligne, alors j'ai pris mon courage à deux mains, et j'ai rattrapé mon retard. Au moins, cela me permettrait de comprendre l'émotion de mes amis lorsqu'ils évoquent ce film d'animation.


Bon. Promesse tenue, il s'agit bien d'un film à haute densité émotionnelle. J'ai versé ma larmichette comme il se doit, et d'une certaine manière, je comprends mes amis. Oui, la vie décrite est dure, c'est la guerre. Oui, les gens sont cruels et égoïstes. Oui, la mort de la mère est atroce. Oui, il y a de belles trouvailles scénaristiques, comme la boite de bonbons. Oui, la petite Setsuko est trop mignonne.


Mais.


Mais je n'ai pas réussi à accrocher à l'histoire, pas plus qu'aux personnages d'ailleurs. Et je pense que d'une certaine manière, ça a été voulu par le réalisateur.


Reprenons le scenario. Il montre Setsuko et Seita, orphelins, tenter de survivre pendant la guerre au milieu des bombardements. Ils vivent d'abord chez leur tante, où peu à peu, ça se passe mal. Pourquoi ? La tante reproche à Seita de ne pas participer à l'effort de guerre alors qu'il en a l'âge. D'être juste à la maison pour profiter de la nourriture.
Seita et Setsuko quittent la maison de la tante et vivent dans leur abri. Setsuko tombe malade, Seita se met à voler pour nourrir Setsuko. Le paysan volé lui reproche de léser la communauté. Un peu plus tôt d'ailleurs dans le film, l'épicier qui lui donne son rationnement de riz lui dit plus ou moins la même chose : il est difficile de survivre hors de la communauté.


Bref, on a un film dont l'un des héros, pourtant en âge de travailler, ou du moins de se rendre utile, préfère jouer égoïstement aux Robinsons avec sa petite soeur. Petite soeur d'ailleurs qui ne fait que geindre et chouiner, souvent par caprice.


Tout au long de ce film, je n'arrivais pas à comprendre pourquoi Isao Takahata, un Japonais, centrait ses héros sur des valeurs certes très européennes, mais si peu japonaises. Avec la phrase de l'épicier, je pense tenir l'explication. Ces deux héros ne sont pas des héros, tout simplement parce qu'ils se comportent mal : ils font passer leurs intérêts propres avant ceux de la communauté. Résultat, le grand frère est responsable de la mort sa petite soeur, et lui, il se laisse mourir. Pas de fin héroïque pour eux, ils ne le méritent pas. Ce qui, d'ailleurs, rend le film d'autant plus atroce : l'égoïsme tue. Le grand frère, vu par les valeurs occidentales comme un modèle de dévouement envers sa petite soeur, la condamne en fait.


J'ai alors compris pourquoi je n'ai pas réussi à accrocher à ces personnages, pas plus qu'à ce scenario. Ce scenario est trop japonais pour être universel.


Restent la musique superbe et certains paysages ressemblant parfois à des aquarelles qui valent largement le détour.

Luevana
7
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le 5 avr. 2020

Critique lue 96 fois

Luevana

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