Déconcertant.
Drôle.
Tragique.
Burlesque.
Beau.
Emouvant.
Raté.
Le nouveau film du plus barré des Belges (c'est déjà un pléonasme, alors imaginez le truc !) est un peu tout ça à la fois.
Il s'essaie à plusieurs genres en même temps sans jamais s'y figer.


Raté parce qu'on est souvent laissé sur le carreau, mis de côté par ce délire foutraque, cette relecture de la bible dont on se sait trop si elle est critique ou tout autre chose.


Déconcertant, parce que ça part tellement dans tous les sens que c'en est parfois dur à suivre, que l'humour n'est jamais là où il faut, que l'équilibre entre les idées est parfois instable. Mais ce serait peut-être là la richesse du film ?


Drôle c'est sûr. Pas forcément pour Poelvoorde, qui est ici plus détestable et caustique qu'autre chose. Pour Yolande Morreau déjà plus. Pour les idées absurdes et les scènes grotesques et potaches qui s'entrechoquent non sans un certain effet comique avec des réflexions mystiques poussées, et un vraie démarche, sérieuse et honnête.


Tragique, souvent. Vision dépréciative de la vie humaine et du monde (qu'un happy end tout sauf évident vient contrecarrer), personnages aux vies et aux destins tellement tristes qu'on se demande bien souvent s'il on est vraiment dans un film parodique.


Burlesque c'est aussi sûr. Parce que Deneuve tombe amoureuse d'un gorille. Parce que Dieu est un Poelvoorde beauf et belge (pas de pléonasme cette fois, un peu de sérieux). Parce que des poules vont au cinéma. Parce qu'un hologramme de poisson chante La Mer de Charles Trénet en volant au dessus de la tête d'un petit garçon qui veut être une fille. Parce que...
Stop, arrêtons ici.


Mais beau et émouvant aussi. Si Jaco Van Dormael n'arrive jamais à décemment se fixer sur une partition (d'où l'originalité honorable de son film), cette liberté d'action lui permet d'osciller avec finesse d'un humour absurde, dont on a déjà parlé, à une réflexion sérieuse sur la société d'aujourd'hui et les hommes et les femmes qui la peuplent. Par les destins touchants de nombreux personnages, il parvient à sonder avec tendresse souvent, avec étrangeté parfois (on repense à cette courte scène d'une mère qui tente, sans raison aucune, d’étouffer son fils trisomique sous un oreiller...), les émotions humaines, à l'aide de plans acrobatiques et surréalistes, le tout servi par une B.O. sibylline, allant de Dalida à Handel en passant par Camille Saint-Saëns.


Il fallait oser.
Jaco Van Dormael l'a fait.

Charles Dubois

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4

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