En voyant la bande-annonce, j'avais eu une petite hésitation à aller voir Le Tout Nouveau Testament. J'apprécie Benoit Poelvoorde, mais je craignais un film plein de gags plus ou moins réussis. A la sortie du cinéma, j'avais des étoiles plein les yeux, ayant le sentiment d'avoir vu une petite pépite.
Car l'histoire est bien plus profonde, et intéressante, que ce qu'elle prétend être. Le Tout Nouveau Testament, derrière son humour, est une réflexion, avec un regard enfantin, sur le sens que l'on entend donner à sa vie (à ce qu'il en reste) et à celle des autres. Le film appelle à changer profondément de regard, sur son parcours, mais aussi sur ces autres gens que nous croisons, qui sont au mieux ordinaires, au pire tristement marginaux, en écoutant ce qu'ils ont à nous dire; en entendant leur "petite musique intérieure"; en donnant une chance à ce qu'ils ont de meilleur, qu'on ne peut pas voir de prime abord.
C'est aussi une réflexion sociale. Au-delà de son pouvoir divin, entièrement connecté à son ordinateur, Benoît Poelvoorde joue (très efficacement) le rôle d'un homme, violent, cynique, méprisant, et odieux à souhait, méprisant son épouse et maltraitant son enfant. Yolande Moreau, plus qu'une déesse, est une femme tyrannisée, qui n'a aucune place dans sa propre maison.
Mais il n'y a pas ici d'ordre naturel, et la Restauration au statu quo ante, si fréquente au cinéma, nous est ici épargnée au profit d'une approche plus onirique et somme toute, beaucoup plus satisfaisante.
A noter la très belle performance de Pili Groyne dans le rôle d'Ea, fille insoumise de Dieu, nouveau Prométhée décidé à adoucir "l'ordre divin", et qui porte le film sur ses épaules avec brio. De bonnes idées, de bons acteurs, le tout servi sur une bande son très éclectique et efficace: on aurait tort de se priver!