Dr. No vs. Bond, James Bond
D'accord, je surnote surement un petit peu. Mais nous sommes en présence du film qui a lancé la carrière de l'espion le plus connu du monde, et ce, alors que personne n'y croyait vraiment, sur la base d'un livre qui ne devait pas être le premier à être adapté.
L'introduction du personnage de James Bond est un moment mythique de l'histoire du cinéma, et sa célébrissime phrase, Bond, James Bond, pour se présenter, a traversé l'ensemble de sa filmographie et bien au-delà. Le décor est encore sommaire, et James Bond n'est pas encore tout à fait lui-même. Les gadgets sont moins nombreux, Q absent. Le film n'a pas nécessairement bien vieilli; il reste très marqué par la dimension coloniale de l'époque, avec une Grande-Bretagne qui se comprenait alors, de façon manifeste, comme l'un des Trois Grands. Le traitement des personnages non-caucasien est stéréotypé, pour ne pas dire ouvertement raciste. Ce qui était déjà discutable à l'époque et serait aujourd'hui refusé à l'écran.
Alors pourquoi mettre 7? Parce que ce film est précurseur sur bien d'autres aspects: d'abord, le refus de rentrer (entièrement) dans la confrontation Est-Ouest en présentant l'URSS comme l'ennemi, préférant envoyer Bond combattre l'association mafieuse et terroriste SPECTRE. L'agent Felix Leiter, meilleur allié (et ami) de Bond est introduit de façon convaincante. Et Ursula Andress a montré la voie dans sa scène de présentation, devenue mythique elle aussi, que beaucoup de James Bond Girls allaient suivre par la suite. Le scénario cadre de James Bond, qui se clôt sur l'affrontement final, aussi. Sean Connery joue déjà de façon très convaincante, à défaut d'être totalement devenu son personnage. Les délicieuses répliques pince sans rire du personnage, qui font partie de son sel, aussi.
En comparaison à d'autres Bonds, Dr. No semble aujourd'hui manquer de punch. Mais il reste culte, à l'image de la phrase froide et définitive "That's a Smith and Wesson, and you've had your six" qui donne une tonalité originale assez noire au premier des Bonds ayant marqué les esprits au-delà des livres (et contrairement à un épisode TV des années 50, aujourd'hui oublié)