Un traducteur syrien exilé revient au pays lors des printemps arabes pour retrouver son frère Zaïd porté disparu.


Sa quête est une manière de lutter contre la culpabilité : en 1980, quand son père a été embarqué lors des manifestations pour la libéralisation du régime (au cri de "Nous voulons la liberté ! Nous voulons la dignité !"), il est resté tétanisé et impuissant. De plus il vit exilé en Australie, depuis une erreur de traduction qui lui a fait suggérer qu'un athlète syrien n'était pas à 100% derrière le régime.


Retour au bled, donc, à retrouver la belle-soeur, dans tous ses états et prête à devenir une pasionaria de la révolution ; l'athlète et le responsable politique, dont la carrière a été impactée par son erreur de traduction. Retrouver un pays en guerre civil, avec des snipers prêts à rendre justice, une armée qui ratisse des quartiers, des enlèvements à la tombée de la nuit sous le regard impuissant des voisins.


Bref, on rigole beaucoup dans ce film (non). Le budget est assez rikiki, avec une belle galerie d'acteurs mais une production qui privilégie les plans serrés, en intérieur ou dans une voiture, et mise avec roublardise sur la tension dramatique entre chaque personnage.


Les dialogues sont bien écrits (à quelques exceptions près, où on pourrait se dispenser de nous expliquer ce qui était évident), mais l'histoire manque un peu de rythme. Par ailleurs, concernant le propos du film, le dénouement est un peu étonnant et naïf, cela détonne avec un scénario qui jusque-là nous assurait que la répression est une fatalité à laquelle il est impossible d'échapper.


Il est louable de faire un film sur les printemps arabes, après ce film est un peu trop écrit pour son propre bien. Peut-être aurait-il fallu laisser la fenêtre entrouverte pour laisser entrer les bruits de la rue. Ici, on a tout le temps conscience d'être dans une fiction. Une fiction bien ficelée, mais qui ne peut se donner pour autre que ce qu'elle est.


Le traducteur a l'originalité de se situer lors des printemps arabes en Syrie. Il fait un travail honorable, quant à savoir s'il est à la hauteur de son sujet, c'est autre chose.

zardoz6704
6
Écrit par

Créée

il y a 3 heures

zardoz6704

Écrit par

D'autres avis sur Le Traducteur

Le Traducteur
Cinephile-doux
6

L'exilé risque sa vie

Bonne idée de départ que celle d'évoquer la façon dont un régime totalitaire résiste à une révolution populaire par le biais d'un thriller tendu où le danger est partout. Dans Le traducteur, premier...

le 26 juin 2021

6 j'aime

Le Traducteur
constancepillerault
7

Critique de Le Traducteur par constancepillerault

Un film qui choisit la voie du thriller pour nous parler de la situation en Syrie (en 2011, au moment de leur révolution, il faudrait réactualiser). C'est réussi, même si on peut trouver que le film...

le 11 févr. 2023

2 j'aime

1

Le Traducteur
Jihel
8

Critique de Le Traducteur par Jihel

Une approche intimiste de ce qu'a été la situation en Syrie depuis 2010. Très instructif. Le jeu des acteurs est parfait. Assez démoralisant pour l'avenir de ce pays..

le 19 oct. 2021

1 j'aime

Du même critique

Orange mécanique
zardoz6704
5

Tout ou rien...

C'est ce genre de film, comme "La dernière tentation du Christ" de Scorsese", qui vous fait sentir comme un rat de laboratoire. C'est fait pour vous faire réagir, et oui, vous réagissez au quart de...

le 6 sept. 2013

56 j'aime

10

Black Hole : Intégrale
zardoz6704
5

C'est beau, c'est très pensé, mais...

Milieu des années 1970 dans la banlieue de Seattle. Un mal qui se transmet par les relations sexuelles gagne les jeunes, mais c'est un sujet tabou. Il fait naître des difformités diverses et...

le 24 nov. 2013

43 j'aime

6

Crossed
zardoz6704
5

Fatigant...

"Crossed" est une chronique péchue, au montage saccadé, dans laquelle Karim Debbache, un vidéaste professionnel et sympa, parle à toute vitesse de films qui ont trait au jeu vidéo. Cette chronique a...

le 4 mai 2014

42 j'aime

60