Tout dernier long métrage d’un réalisateur roumain que je ne connaissais pas, et qui est pourtant visiblement assez réputé dans son genre, Le Trésor, de Corneliu Porumboiu m'a laissée assez mitigée.
Au niveau de l’histoire, il n’y a pas grand chose à ajouter à l'argument officiel. C’est bel et bien à une chasse au trésor que nous assistons tout au long du film, j’ai presque envie de dire « en temps réel », tant les scènes sont parfois longues, participant ainsi à l’effet comique de cette quête absurde de deux voisins obstinés.
Ce que j’ai aimé
Le film est drôle. Le réalisateur joue avec les mots et nous rend témoins de joutes verbales à mourir de rire, je pense particulièrement à la scène qui a lieu au milieu du film entre les trois comparses, la nuit tombée, chacun d’eux creusant avec acharnement un trou de deux mètres de profondeur sous ce noyer centenaire. J’ai beaucoup ri, d’un rire sincère, parfois moqueur, parfois cynique aussi, mais la plupart du temps avec une fraîche naïveté. C’est là pour moi l’aspect le mieux réussi du film, le caractère divertissant d’une comédie où le narrateur pousse si loin son idée qu’il bascule avec habileté dans l’absurde.
L’histoire en elle même est également plaisante. Ce père de famille qui lit Robin des Bois à son fils le soir, et qui finit par se laisser embarquer lui-même dans une chasse au trésor qui doit sortir son voisin de la misère, et le grandir, lui, aux yeux d’un fils admiratif, m’a touchée. C’est une forme de quête héroïque des temps modernes, dont les motifs nous touchent et révèlent en même temps la situation délicate d’un pays en difficile transition.
Ce qui m’a déplu
Malheureusement, c’est précisément mon manque de connaissance concernant l’histoire et l’actualité politique de la Roumanie qui m’a fait passer, je le crois, à côté de trop de choses. Je n’ai pas saisi la moitié des clins d’oeil du réalisateur qui n’a de cesse d’évoquer le communisme, la révolution, ces changements successifs jusqu’à l’entrée dans un capitalisme exacerbé, dont je n’ai jamais eu connaissance. Et la dernière partie du film m’a laissée dans une certaine incompréhension qui m’a fait sortir de la salle pleine de frustration.
C’est un film pour des spectateurs avertis, il ne faut pas s’y rendre sans bagages, c’est du moins ce que j’en ai conclu après ce visionnage. C’est dommage parce que je pense que la critique qu’exprime le réalisateur mérite d’être entendue, et le regard qu’il pose sur son pays est tout à fait intéressant à suivre, mais justement, moi, je n’ai pas suivi. Je ne pouvais pas, j’étais perdue trop tôt.
J’ai été déçue par ailleurs par l’image en tant que telle. C’est généralement l’argument qui fait pencher la balance dans un sens ou dans l’autre chez moi. Si le film est esthétiquement beau, il a toute les chances de gagner mon adhésion malgré une ou deux réticences. Mais ici, l’image est trop brute, l’atmosphère trop réaliste. C’est sans plaisir que je me suis plongée dans cet univers, et lorsque le film m’a perdue, je n’ai pas pu me raccrocher à une esthétique quelconque. Peut-être est-ce un choix, sûrement même, mais il ne m’a pas convaincu.