S'il y à bien un coin où ça ne rigolait dans les années 1920, c'était bien au Mexique. Sortant d'une guerre civile, le pays était encore sillonné par des bandes de brigands, pillant villages et trains. À leur poursuite, des militaires fédéraux faisant fonction de police et eux non plus ne rigolent pas. Après une enquête expéditive, vous, bandit, êtes conduit au cimetière, l'on vous signifie de creuser un trou, l'on vous fait sortir de ce trou, fumer une dernière cigarette, mettre votre sombrero troué sur votre misérable tête, le sergent ordonne de charger, épauler, viser et FUEGO ! Cinq minutes après le trou est recouvert. Bref vous l'aurez compris, on se s'embarrasse pas de procédures complexes, les empreintes digitales et tout le bazar, on connaît pas.
Dans ce contexte, des américains, riches, pauvres, traînant, festoyant et parfois arnaquant dans ce Mexique encore instable. Dans la ville de Tampico et après quelques déboires financiers, une arnaque (et les bagarres associées), une victoire à la loterie et le foyer de l'armée du salut, Dobbs, Curtin et un vieil homme font connaissance pour finalement décider de partir dans l'arrière pays chercher de l'or.
L'équipée n'est pas sans risque. Bandits, bêtes sauvages, la nature tout simplement et plus encore, l'homme, tout simplement. Alors que le film se poursuit, John Huston s'applique à présenter le cercle vicieux de l'appât du gain d'un milieu clos sans l'être et de la disparition lente des principes fondamentaux essentiels à la survie de la civilisation. Car aux confins du Mexique, avec l'or et la mine pour seuls compagnons, la raison ne tarde pas à prendre congé, tout comme ce mince vernis que sont sens commun et civilisation. Lentement, l'on devient inquiet, soupçonneux, paranoïaque, puis tout simplement fou pendant que l'esprit tourne en roue libre, sans contradicteur, ceux présents étant des ennemis. Enfin l'on tue, l'on assassine ses propres amis, car ils en veulent à notre bien les salauds ! Et lorsqu'on appuie sur la gâchette, l'on a fait que se défendre et malheur à l'étranger ou compatriote de trop car au fond, parmi deux associés il y en à toujours un de trop et un nombre impair d'associés étant mauvais, l'on ne va pas en rajouter un quatrième, si ? Eh bien non !
Bien mit en scène, sans temps mort, et présentant des personnages fouillés, le Trésor de la Sierra Madre prend des airs de films conradiens et John Huston est sans concession dans cette implacable faillite de la civilisation et des belles promesses misent en contact direct avec le gros fric. La distribution, au top, nous offre un excellent Bogart au sommet de son talent avec un rôle détonnant ses finalement fort répétitifs Marlow. La fin vaut son pesant d'or.
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