Il s'agit d'un téléfilm dont le scénario a été tiré d'un roman éponyme de Daniel Goldenberg et diffusé en 2005.
Je n'ai pas lu le roman qui apporte peut-être quelques réponses à propos de personnages ou de situations restés dans le flou (artistique) dans le film…
Le moins que je puisse dire, c'est que mon avis est plutôt mitigé sur l'adaptation.
Rien ne m'a bien convaincu et rien ne m'a non plus déplu.
Le sujet ne pouvait pas me déplaire : Après la débâcle de 1940, deux soldats rentrent chez eux ; l'un, Mirande, béarnais (Mathias Mlekuz) et l'autre, Victor, juif de Belleville (Lorànt Deutsch) deviennent amis.
Ce dernier, devenu prisonnier, goûte aux plaisirs sadiques du colonel nazi du camp puis parvient à s'enfuir. Le téléfilm racontera ainsi les aventures de ces deux (ex) soldats lors de leur traversée du pays afin de rejoindre l'Espagne avec quelques autres réfugiés dont quelques rares rescapés de la famille de Victor et la jeune femme Marie (Romane Bohringer) dont il s'éprend.
Donc, oui, le sujet est forcément intéressant. En revanche, les trop nombreuses ellipses n'ont pas réussi à me convaincre. Trop de personnages apparaissent, prennent de l'importance dans le déroulé du film, bons ou méchants puis passent dans l'ombre. Un peu comme s'il fallait un nombre bien équilibré de situations qui réussissent ou échouent, comme s'il fallait un nombre équilibré de gens bien et de gens méchants.
Tiens, par exemple, si un curé ou un gendarme s'avèrent de potentiels salauds, on va s'efforcer de mettre en avant dans la suite un couvent qui héberge des juifs et un gendarme résistant. Si un commerçant ou un homme est un dénonciateur patenté, eh bien, le scénario va en trouver qui seront solidaires et bienveillants, etc … Histoire de montrer qu'on ne peut en aucun cas généraliser. Il y a des bons et des méchants dans toutes les corporations et dans toutes les couches de la société.
De grands sentiments nobles baignent le film montrant que les vraies valeurs subsistent malgré la noirceur et l'anxiété de l'époque. Certains vont s'en sortir et puis d'autres non, … Tout ceci conduit à des scènes dramatiques entrecoupées de scènes plus romantiques ou bucoliques voire même amusantes. Forcément, à la fin, je ne peux que dire : pas faux !
La distribution : Lorànt Deutsch, Romane Bohringer et Mathias Mlekuz font leur job du mieux qu'ils peuvent en fonction du scénario qu'ils ont sous la main.
Un truc m'a plu ; le béarnais Mirande a un bel accent rocailleux du sud-ouest. En vérifiant, je découvre que Mlekuz est d'origine slovène et a grandi dans le Pas-de-Calais. Là, je dois dire que j'ai été un peu bluffé…
De même que Michel Jonasz dans le rôle fort intéressant du père de Victor avec un bel accent judéo-polonais … Ancien combattant de la guerre 14-18, décoré, il ne comprend plus pourquoi il est désormais persona non grata. Ce qui est certainement une des clés du drame juif lors de de l'Occupation.
Téléfilm qui se veut pédagogique, posant de bonnes questions, tolérant, restant optimiste dans la débâcle et l'horreur, se refusant à généraliser ou à stigmatiser.
Peut-être a-t-on trop voulu bien faire. Le résultat est un film un peu trop lisse. Pas faux mais trop lisse quand même.