La cellule souche
Le Trou... C'est fou comme je l'ai mis de côté, lui, un peu gêné parce que, devant cette déferlante de compliments particulièrement mérités, je sens bien que je vais surtout devoir expliquer ma...
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le 22 févr. 2012
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Il y a des films qui vous hantent, des films qui la seconde même après les avoir finis nous laisse déjà une marque indélébile dans notre parcours cinéphilique et notre vie. Soit ils arrivent à un moment important de notre vie et ont une résonnance particulière, soit à un moment clé de notre cinéphilie dans l'exploration d'un genre, d'un auteur, d'une période. Mais pour celui-là c'est encore autre chose et peut-être de plus beau. Il est arrivé à un moment banal ma vie, anodin de ma cinéphilie. Je ne connaissais rien et je ne connais toujours pas grand chose de son auteur Jacques Becker, je n'ai toujours pas d'autre films de lui (comme Casque d'or, Touchez pas au grisbi ou bien Montparnasse 19).
Alors pourquoi même après un revisionnage dans des conditions assez moyenne le film me revient encore et toujours ?
Avec un tel choc difficile de savoir par quel bout prendre le film. Commençons par parler de la première chose qui frappe, le noir et blanc. C'est simple c'est l'un des plus beau que j'ai pu voir. Cette prison grise, ces contrastes dans les sous terrain avec ce travail de la lumière splendide. Comme par exemple la scène de l'araignée avec les gardiens, ou bien encore ce plan de miroir de surveillance qui est encore aujourd'hui d'une telle modernité 60 ans après. Les marques que ce noir et blanc laisse sur ses visages. Nous sommes pile entre le noir et blanc lécher du cinéma classiques et celui très moderne de la nouvelle vague, et cet entre deux est juste splendide.
Le deuxième point et peut-être celui qui me marque le plus c'est la gestion du temps et du suspense dans le film. Jacques Backer à une approche très réaliste dans ce film, il donne une importance cruciale aux gestes, aux mouvements et à chaque action des personnages. Alors, dans cette passion de la technicité Backer se permet une manipulation du temps dans son film grandiose. Par exemple lorsque les prisonniers se mettent à taper sur le sol pour faire leur premier trou qui mènera au tunnel en profitant du bruit des travaux des massons Becker film quasiment entièrement ça sans coupe. Je serais alors incapable de dire combien de temps dure la scène car il y a alors dans cette précision des gestes la création d'un stress et d'un suspense très particulier. Je pourrais aussi évoquer la scène dans les sous-sol avec les gardiens qui arrivent sans que Roland et Manu ne l'ai prévu et doivent se cacher d'eux avec là encore une scène sans coupe.
Les 2h11 du film sont alors étendus, dilatées, manipulées d'une façon tellement prodigieuse. Jouant entre le temps réel, les fondus sur une même action longue pour l'accélérer, quand il faut passer d'une scène à une autre. Ce génie osons le dire de cette manipulation du temps permet un tension continue durant tout le film.
Le dernier point que j'aborderais sont les acteurs. Quasiment tous sont des non-professionnelle qui pour certains auront une carrière (comme Marc Michel avec Jacques Demy ou Michel Constantin qui aura plus une carrière dans le cinéma italien). Mais même si à l'époque ils n'étaient pas acteurs professionnelles le choix parait évident tant le charisme et le présence de chaque acteurs crèvent l'écran. Le flegme de Michel Constantin, l'espièglerie de Raymond Meunier, le regard inquisiteur de Philippe Leroy et surtout la présence entièrement cinématographique de Jean Keraudy pseudonyme de Roland Barbat qui joue son propre rôle dans le film car il était réellement présent lors de la tentative d'évasion de 1947.
Mais en plus de leur physique et de leurs mimiques toutes marquantes Becker les fait joués d'une façon assez particulière. Les phrases qu'ils disent semble presque chuchotées, les émotions sont là mais en retenue, en petite touche. La dernière phrase du film, auquel je vous laisse vous même découvrir sa signification : "Pauvre Gaspard" prend une force dans sa retenu démentielle. On est alors pendus à leurs lèvres lorsqu'ils parlent et là une osmose entre toutes les mises en scène se créer.
Entre les scènes d'actions, de tensions, de rivalités, de dialogues, de rires. Toutes se mettent dans une harmonie parfaite donnant lieu juste à un film parfait.
Chaque scènes revient alors, par sa maitrise de tout les éléments cinématographique et autres, chaque instants semble piégés dans un temps propres qui pourtant fait partit d'un tout indissécable. Le Trou fait partit de ses rares films que j'aime certes mais surtout que je trouve sans fautes. Sans une seconde en trop ou en moins. Chaque instant du film restera scellé en moi, emprisonné dans une expérience personnelle du temps impossible à décrire et que je ne peux juste qu'invité à vivre.
Bon visionnage.
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Créée
le 2 oct. 2021
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