« It's more fun using that child psychology on you. » GINNY FIELD

Dans Friday the 13th, ce n’est point Jason Voorhees qui assassine à tour de bras les animateurs du camp de vacances de Crystal Lake, mais sa mère, Pamela Voorhees. En réalité, le rejeton n’apparaît supposément qu’en toute fin du long-métrage, happant Alice Hardy, la final girl, dans une barque pour l’entraîner au fond du lac… Ou était-ce un simple cauchemar ?

Tourné avec les moyens du bord, improvisé presque scène par scène, Friday the 13th fait partie de ces films d’exploitation à faible budget produits pour capitaliser sur un succès récent : Halloween de John Carpenter dans le cas présent. Or, ce petit film enregistra de tels records au box-office qu’il devint aussitôt l’un des films les plus rentables de l’histoire du cinéma.

En toute logique, les studios s’empressèrent de mettre une suite en chantier pour exploiter la poule aux œufs d’or avant que le phénomène ne s’essouffle. On vit alors sortir en salles de Friday the 13th Part 2 en 1981, tout juste un an après la sortie du premier film et c’est ce second opus qui voit enfin naître Jason Voorhees à l’écran.

Sean S. Cunningham, le réalisateur du premier opus, refuse de s’occuper de ce film, mais il propose un de ses collaborateurs : Steve Miner qui réalise son premier long-métrage.

Se crée dès lors une mythologie. Tel un Michael Myers, Jason Voorhees instaure sa légende. Sanguinaire et sans pitié, il embrasse toutes les caractéristiques du tueur de slasher : parfaitement increvable, d’une force herculéenne, doté d’un formidable instinct de chasseur silencieux. L’iconisation se fera rapidement car Jason Voorhees va refroidir Alice et Ralph dans l’introduction du film, les deux survivants de l’opus précédent. Il réussi facilement là où sa mère a échouée. Pas encore affublé de son célèbre masque de hockey, Jason porte un sac à patates percé d’un trou sur la tête qu’il enlèvera en fin de film laissant apparaître le visage de Warrington Gillette (même si c’est Steve Daskawisz qui a participé à toutes les cascades du tueur).

Toutefois, ne prêtons pas au film d’intentions qu’il n’aurait pas. Il est loin de briller par l’écriture de Ron Kurz et Phil Scuderi ou la mise en scène de Steve Miner ou même par son jeu d’acteur, effectivement très oubliable. Sachons raison garder : il s’agit d’un film de série B qui réunit tous les éléments attendus à son évocation. Des sursauts, du sang, du fun et du macabre. Or, il le fait bien. Et même particulièrement bien. À n’en point douter, l’équipe prend un plaisir fou à mener son film et Tom Savini aux effets spéciaux nous régale d’effusions sanglantes. Parmi les plus iconiques, on pense à ce couple embroché d’un coup de lance, à ce gamin tranché en deux et à cet handicapé, qui dévale des marches en fauteuil roulant, une machette plantée dans le crâne.

Par rapport au premier volet de la série, une agréable impression de progrès, notamment technique, se fait sentir. Les fameux plans de caméras subjectives et les travellings poursuivant les personnages d'une manière inquiétante sont désormais filmés avec une steadycam, ce qui les rend plus fluides et efficaces. La qualité de la photographie fait un net progrès et les scènes nocturnes sont plus faciles à comprendre.

Toutefois, quelque chose ne change pas à Crystal Lake : les personnages. Les jeunes moniteurs, toujours écervelés et inintéressants, restent ridicules, assommants et peu attachants. Il faut de la bonne volonté pour ne pas bailler devant leurs coucheries mollassonnes et leurs blagues enfantines. Russell Todd, Kirsten Baker, Bill Randolph, Marta Kober et Lauren-Marie Taylor ont des personnages totalement insipide, il n’y a aucun construction des personnages. On retient Tom McBride (vu que son personnage a un handicap) et la final girl, ou plutôt le couple survivant, John Furey et Amy Steel.

La final girl ressemble beaucoup à celle du premier film, c’est la seule qui donne du fil à retordre au tueur du vendredi, elle résiste, elle lutte. La différence notoire par rapport à ses coreligionnaires, c’est qu’elle ne se comporte pas comme une victime. Dans bien des cas, la stupéfaction, l’épouvante, l’effroi se suffisent à eux-mêmes pour que la personne bascule dans une forme de léthargie fatale. Elle se défend et déstabilise ainsi son agresseur, au point que Jason Voorhees en devient maladroit, balourd, tout en jouant de malchance, créant ainsi suffisamment d’incertitude pour qu’elle puisse survivre à cette nuit d’horreur. La fin est un petit peu bâclée et laisse de nombreuses questions en suspens (plus que dans le premier).

Harry Manfredini compose de nouveau la musique et reprend tous simplement les thèmes développés pour Friday the 13th et les adapte. Si cela donne un cachet très début des années 80 au métrage, on aurait néanmoins apprécié un peu plus d’originalité.

Friday the 13th Part 2 est un bon slasher disposant d’une histoire classique, d’une intrigue basique et d’un développement sanglant. Le rythme est soutenu, le récit est fluide et la narration est linéaire. La photographie est classique, les effets spéciaux sont cohérents et la bande originale garde l’esprit de l’original. Un film important dans la saga des Vendredi 13 avec l’apparition concrète de Jason Voorhees.

StevenBen
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le 14 oct. 2023

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Steven Benard

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