« 5 jeunes filles, 5 heures, 5 étages ». Ou quelque chose comme ça.
Cinq demoiselles doivent subir une épreuve d’initiation pour entrer dans la plus prestigieuse fraternité du coin. Elles sont enfermées dans un asile abandonné, une par étage, et tenir pendant 5 heures. Mais la blague d’étudiant dérape un peu, l’asile est hanté par différents fantômes qui ont beaucoup de colère en eux.
Le Waverly Hills Sanatorium, le cadre du film, a vraiment existé. Construit au début du XXième siècle, il a accueilli les patients atteints de la tuberculose, la peste blanche. Il est considéré comme hanté, de nombreuses émissions de paranormal en ont fait un de leurs sujets. Le film brode sur tout le reste, il est peu probable qu’il y eut 63 000 morts, autant d’actes de malveillance à cette époque et bien sûr de fantômes revendicatifs. Basé sur des faits réels, certes, et puis tout le reste est tricoté.
C’est tout de même un cadre incroyable pour en faire un film d’horreur, ce dont le film en profite. Le bâtiment ayant été laissé à l’abandon pendant de nombreuses années, sa décrépitude n’en est que plus forte. Malheureusement, pour les besoins du film, des éléments de décor ont été rajoutés, pour recréer des salles et des ambiances, mais le résultat donne plus l’impression de se retrouver dans un décor de fête foraine. Cette surcouche artificielle jure.
Mais s’il n’y avait que ça. Le scénario veut trop en faire. Il accumule les strates, sans aucune logique. Il passe d’un contexte d’enfermement à la Saw à une histoire de fantômes. Il force les liens de ses personnages avec le lieu, au point de trop en ajouter. Son scénario en vient à se contredire, à force d’ajouter des éléments et des révélations. Des fantômes en colère, ça aurait été bien suffisant. La fin est à ce titre incroyable, tant elle n’est pas crédible.
Rien n’est vraiment crédible de toute façon dans ce film. Les personnages sont des clichés grossiers, les 5 jeunes filles se partageant ceux de la pétasse (trois en lice), de la fille normale et de la fille timide. Ce sont des gravures de mode, des mannequins. Et on a le droit d’être jolie, mais on a aussi le droit de savoir jouer. C’est une catastrophe. Le vide de leurs expressions est plus glaçant que les apparitions. Mais la palme revient à l’actrice qui se retrouve possédée, les gros yeux et la bouche béante, si ce n’était pas par un être humain, on aurait pu croire une carpe.
C’est d’autant plus visible, que le film abuse des gros plans sur leur visage dans une tentative probablement désespérée d’y trouver un moment de bon jeu. La réalisation est elle aussi approximative dans ce film, jouant sur la répétition d’inserts horrifiques, pour bien comprendre toute la folie du lieu, vous comprenez. C’est usant car usé. On trouve tout de même quelques plans un peu plus macabres qui relèvent le niveau, merci à l’équipe technique. Quelques sauts d’effroi fonctionnent. Mais ce n’est guère suffisant.
Rien n’est vraiment suffisant. Ce que le film arrive à garder de son ambiance étrange, des secrets qui s’y cachent, est gâché par toute l’artificialité employée, par le jeu des acteurs ou les décors reconstitués. Avec un tel lieu, c’est dommage, c’est comme donner des perles aux cochons. Le film n’est pas non plus un modèle de féminisme, entre les filles kidnappées qui ne peuvent être que des victimes, avec heureusement une intervention masculine pour sauver ce qui peut l’être.
Probablement conscients que leur film ne tenait que grâce à l’étrangeté du lieu, Christopher Saint Booth et Philip Adrian Booth ont réalisé un documentaire dans la foulée du film, sorti l’année suivante. Dans le making-of sur le DVD ils nous présentent des exemples des fantômes capturés par la caméra. Soit c’est trop flou pour être avéré, soit c’est trop précis pour être crédible. Le documentaire semblant en ajouter encore plus sur la mise en scène, difficile d’y voir autre chose qu’un argument marketing et touristique. Le sanitarium de Waverly Hills est considéré comme le lieu le plus hanté des Etats-Unis, paraît-il. Au vu de la piteuse qualité du film, ses fantômes n'ont pas fini de grogner.