On ne compte plus les énièmes adaptations de Sherlock Holmes au cinéma. La plupart s'inspirant des oeuvres écrites par Conan Doyle, il est rare de tomber sur une histoire inédite, originale et surprenante; tandis que les références en la matière sont les Sherlock de Ritchie et Cumberbatch, subsistent dans les limbes du cinéma de secondes zones quelques petites oeuvres indépendantes et sympathiquement originales.
La revanche de Sherlock Holmes et Le Vampire de Whitechapel en font partie intégrante; si le premier était une déception en demi-teinte, le dernier est une franche réussite : partant d'un principe des plus sympathiques et rafraichissants (Sherlock doit enquêter sur les meurtres d'un vampire), le film se battit son succès dans l'exécution réussie de ce qu'il désirait faire.
Ainsi, l'intrigue rondement menée trouvera de la cohérence et de la crédibilité tout du long, même si quelques zones d'ombre resteront en suspend (le coup de la lumière et de la croix pendant une scène de meurtre, élément demeurant sans explication). Détail pas bien gênant s'il en est, rapidement effacé par la justesse et l'efficacité des talents d'enquête de notre cher Holmes.
Un Sherlock Holmes par ailleurs très bien interprété par un Matt Frewer à la classe anglaise certaine, charismatique et intriguant, quoi qu'un peu trop propre sur lui. Pas de drogues, de traits de sociopathie : Holmes se contente d'être un génie du bien sans avoir une once de mal en lui. C'est certes manichéen, plutôt commun, mais cela permet d'effacer le personnage pour laisser la place à Watson, qui trouve ici une importance prédominante.
Très bien interprété par Kenneth Welsh, qui lui assène une détermination à toute épreuve, le docteur du Vampire de Whitechapel prend les choses en main dès le départ; c'est lui qui interroge pendant qu'Holmes observe et analyse, lui qui est homme d'action, qui se décarcasse pour faire avancer l'intrigue. Une place centrale très intéressante permettant de connaître une nouvelle facette des personnages, certes lisse mais complémentaire au possible, et flanquée d'une alchimie particulièrement intéressante (notamment permise par le bon jeu des acteurs et l'humour anglais dosé avec parcimonie).
On y trouvera de fait une atmosphère soignée, classe, respectueuse des atmosphères types époque victorienne : c'est crédible, cohérent, sombre et violent, c'est une histoire qui reste en tête par le biais d'une mise en scène certes classique, mais n'en demeurant pas moins efficace et propice à la démonstration de réels moments de tension. On a rapidement l'impression de se trouve devant un épisode d'une vieille série, mais n'en ayant rapidement que faire, la mise en scène, bien qu'un poil trop simple, s'imposera à nos yeux comme un moyen pertinent de nous faire passer un maximum de ressentis.
Costumes soignés, jeux de lumière réussis, mise en scène correcte et propre à faire ce qui doit être fait, acteurs plaisants, vision des personnages intéressante et peu commune, renouveau des thèmes concernant le personnage et sa manière d'enquêter, on y sent le travail et la volonté de se démarquer des autres productions portant sur le personnage. Sans être un chef-d'oeuvre, Le Vampire de Whitechapel est un très bon Sherlock Holmes qu'on n'oubliera pas si facilement après visionnage.