Un été comme un autre au Japon. On retrouve dans la gare de Kamata à Tokyo le corps d'un sexagénaire lapidé sur les rails: un meurtre grossièrement déguisé en accident de train. Une enquête qui semble classique pour une pointure comme l'inspecteur Imanishi, mais qui va s'avérer bien plus complexe qu'il n'y parait... Accompagné d'un jeune inspecteur-adjoint prometteur, cette dernière va le faire voyager à travers l'ensemble du territoire nippon, découvrant au fil des rencontres et des lieux visités la vérité sur le passé de la victime ainsi que les raisons qui ont poussé un homme à lui ôter la vie, et réussir à appréhender ce coupable.
Et c'est tout. C'est vraiment tout.
L'histoire de prime abord n'a rien de bien original, et pourtant... Si la première partie du film nous plonge dans une histoire digne des plus grands polars classiques, elle ne sert qu'à justifier l'existence de la seconde et dernière partie, véritable chef d'oeuvre sous bien des aspects. La narration durant la partie "enquête" est très réussie, et les plus fervents amateurs de romans policiers seront je pense aussi ravis que je l'ai été car elle est vraiment fidèle au genre littéraire dans son évolution et sa manière d'aborder les choses. On a même droit à quelques indications narratives à plusieurs moments pendant le film durant des scènes de transports, ou des plans magnifiques sur les paysages japonais. Cette enquête aux allures banales va très vite devenir véritablement prenante. Qu'importe si on saisit avant la fin qui est le coupable, et pour certains peut-être même les raisons qui l'ont poussé à commettre l'irréparable, là n'est pas le but de cette oeuvre...
Reconstituer la vie d'un homme peut être bien plus passionnant et enrichissant que les apparences peuvent le laisser entendre. S'extasier devant les réussites, compatir devant les échecs, et pourtant ne pas être directement affectés par ces derniers. Le Vase de Sable cache une réelle dimension humaine d'une puissance inouïe.
Parlons donc sans plus attendre de cette fameuse dernière partie. Imanishi a fini son enquête, il rentre à Tokyo faire son rapport à ses supérieurs afin d'arrêter l'auteur du crime. Racontant tout ce qu'il a découvert, il en vient à parler d'une période de la vie du coupable qui reste néanmoins floue, mais qu'il arrive facilement à s'imaginer grâce aux différents témoignages recueillis durant sa quête. Cette révélation nous catapulte directement dans le passé. On assiste alors à cette histoire incrustée dans l'histoire, l'enfance du meurtrier. Sur une musique grandiose d'orchestre, mené par le piano de ce même homme, on découvre la pièce manquante du puzzle: le motif, le bouleversement qui a poussé ce dernier à tuer. Quarante minutes qui semblent courtes et longues à la fois pour nous spectateurs, tant elles sont belles et poignantes... Le film se clôt sur les deux inspecteurs qui dans un accord unanime laissent le tueur finir son morceau avant de l'appréhender, une scène à l'image du film tout entier, magnifique.
Peu de vues sur SensCritique pour un chef d'oeuvre pareil, c'est intolérable, et j'espère que vous aussi, planqués derrière votre écran, vous saurez faire le pas et vous lancer dans cette aventure unique.