Au début des années 70, l'inspecteur Imanishi enquête sur le meurtre
d'un homme dont on ignore l'identité, avec pour tout indice un nom
prononcé avec un fort accent du Nord : "Kameda". Est-ce le nom d'une
personne, ou celui d'un lieu ?
Eh bien, voilà ce que j'appelle une accroche très accrocheuse. On a tout de suite envie d'en savoir plus et donc on n'hésite pas une seule seconde à plonger dans ce film dès la première occasion.
Et puis quand sur la pochette du DVD sur lequel je suis tombé par un aussi total qu'heureux hasard dans les rayons d'une médiathèque, on voit aussi écrit que c'est adapté d'un roman d'un certain Matsumoto Seicho, surnommé le "Simenon japonais", on n'a plus aucune excuse. Yoshitarô Nomura comme réalisateur, connais pas, mais je ne demande qu'à connaître. Et en plus, si c'est précisé que ça a été un gros carton au box-office japonais, OK en voiture Simone !...
La première partie est une enquête policière dans tout ce qu'il y a de plus laborieux. Une tâche ingrate, répétitive, de longs déplacements qui ne débouchent sur rien, du temps qui passe, etc. On voit inscrit sur l'écran les divers "rebondissements" de l'intrigue et "actes" des policiers (par exemple, l'inspecteur attend un train dans une gare, c'est marqué sur l'écran !) pour faire avancer cette fichue enquête. Et qu'est-ce que j'ai aimé cela (après tout on ne peut pas aimer Simenon si on n'est pas du genre à apprécier cela !). On pense un peu à Entre le ciel et l'enfer d'Akira Kurosawa. Après tout, Yoshitarô Nomura a été l'assistant de ce dernier et on voit bien qu'il a bien su apprendre du Maître. Et comme si cela ne suffisait pas, c'est une excellente occasion de voir le Japon sur toutes les coutures, de la campagne la plus profonde au centre le plus urbain, le tout sublimé par une photo en couleurs qui en fait un véritable régal pour les yeux. C'est fascinant.
Et puis, l'ensemble va vers son milieu prendre une tournure inattendue, mais la suite va être tout aussi passionnante. On y aura le droit à un véritable moment de cinéma, à travers une utilisation magistrale de la musique intradiégétique (belle composition de Yoshitarô Nomura !), le motif de l'assassin sera surprenant, purement psychologique, et l'inspecteur ne pourra pas s'empêcher de se montrer empathique (oui, ça rappelle pas mal Simenon !).
Et oui, j'ai adoré l'ensemble, toute cette atmosphère. J'ai trouvé que les deux heures et demie du film étaient captivantes. J'ai pleinement adhéré. Que c'est une réussite digne de grands films du genre japonais comme Entre le ciel et l'enfer ou encore Le Détroit de la faim. Il va sans dire que je compte sérieusement, très sérieusement, en conséquence creuser la filmographie de Yoshitarô Nomura qui fait son entrée dans mon univers cinéphile par une belle porte.