Le Vent se lève
7.3
Le Vent se lève

Long-métrage d'animation de Hayao Miyazaki (2013)

Après 35ans au service de l'animation japonaise, H. Miyazaki tire sa révérence. C'est une page du cinéma animé qui se tourne, une page indélébilement marquée par sa patte et son imaginaire. Pour sa dernière oeuvre, le papa de Totoro s'attaque à la biographie de Jiro Horikoshi qui n'est autre que l'inventeur du Bombardier Zero utilisé par l'armée japonaise lors de la Seconde Guerre Mondiale. Le film retrace la vie de cet ingénieur en aéronautique; de son enfance jusqu'à la fin de la guerre, de sa passion pour les avions à la découverte de l'amour. Une tranche de vie ancrée définitivement dans la réalité historique du Japon au début du XXe siècle.

Le Vent se Lève est le premier (/dernier...) Miyazaki que je vois au cinéma et je ne sais pas si la taille de l'écran a joué un rôle dans ma perception de l'oeuvre mais j'ai été subjugué par la beauté des images. Je ne trouve pas de mots assez forts pour exprimer l'enchantement perpétuel distillé par les différents tableaux. Ca fourmille de détails et c'est un émerveillement de tous les instants. Une pure claque esthétique qui atteste d'une maîtrise sans égale dans l'art de l'animation.D'un point de vue technique le revers de la médaille passe par un chara design simpliste (mais attachant !) qui fait beaucoup trop ressortir les personnages à l'écran. Il y a rupture dans le style qui s'opère à l'écran.

C'est flagrant mais ça confère un charme singulier à l'oeuvre. Disons que cet écart graphique permet d'atténuer un peu la rudesse du propos. Car Le Vent se Lève est un film au propos sérieux. Miyazaki dresse un constat impitoyable d'un Japon en transition. Un Japon pauvre, en retard technologiquement et en retrait politiquement. Le personnage d'Honjo, ami de Jiro, tend à tirer un peu trop sur le misérabilisme mais cela permet au spectateur de bien cerner le contexte ambiant. A coté de ces aspects historiques, la vie de Jiro amène quelques questions existentielles comme l'impact des rêves dans l'accomplissement d'un homme ou plus simplement la place du travail/la passion dans l'équilibre de la vie quotidienne.

Un film résolument sérieux. Cela se ressent à travers les plans utilisés pour donner vie aux tableaux. On sent que Miyazaki a conçu son dernier long métrage comme s'il filmait les scènes avec une caméra. Cette recherche de la mise en scène travaillée permet au réalisateur de diversifier les angles de vue des très nombreuses scènes de dialogue ou de contemplation. D'ailleurs lors de ces dernières ce sera l'occasion de profiter des sublimes compositions de l'inévitable Joe Hisaishi qui délaisse un petit peu le piano pour des morceaux orchestraux et l'utilisation des cuivres. Une OST qui se prête merveilleusement aux images mais qui, à titre personnel, aurait gagné à être un poil plus diversifiée dans la construction de ses thèmes majeurs.

J'ai vu le film avec une profane qui ne connaissait pas du tout l'univers Ghibli et elle a aimé. Elle a aimé la technique, l'univers, la bande sonore mais a déploré quelques longueurs. Difficile de lui donner tort sur ce point. En effet, la réalisation en mode "film d'auteur" fait la part belle aux scènes contemplatives et met le fantasque et l'humour clairement en retrait. Un parti-pris totalement assumé par le réalisateur mais qui tranche avec les précédentes productions. Même si j'ai perçu ces longueurs, je ne peux pas les reprocher à Miyazaki. Ce serait injuste compte tenu de ce que ce film m'a apporté. Je l'ai vu il y a pile une semaine et même aujourd'hui j'ai du mal à modérer mon enthousiasme quand j'en parle.

Le Vent se Lève est un film personnel. Que ce soit dans sa réalisation, son rythme ou son propos, Miyazaki s'est laissé emporter par la bourrasque de sa vision créative. Il livre ainsi un film mélancolique empreint d'une indescriptible beauté poétique. Rien que d'y penser j'ai encore des étoiles dans les yeux. Rares sont les films qui me transportent autant. J'ai vraiment pris une claque. Je n'arrive pas à mettre les mots justes sur les sentiments que j'ai éprouvés. C'est trop fort. Je me contenterai de dire merci à Hayao Miyazaki pour cette séance de rêve. Et je ne peux que vous conseiller de voir ce film sur grand écran.

Au revoir Miyazaki et merci pour tout !

Créée

le 5 févr. 2014

Modifiée

le 5 févr. 2014

Critique lue 331 fois

10 j'aime

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MarlBourreau

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