Le Vent se lève par MaximeMichaut
Testament onirique d'un monument du cinéma d'animation japonais, Le Vent Se Lève est l'ultime occasion pour Hayao Miyazaki d'opérer un tracé plus réaliste, celle d'une vie, véritable, piégée dans l'obscurité entre les rêves et l'enfer. Sous le motif permanent du songe et des alizés, le film traverse tel un appel d'air le temps de cette vie, les ellipses traumatisantes de l'Histoire et les apogées hypnotiques de l'intimité, la rouille suintante de l'industrie et la démesure cotonneuse du psyché. Miyazaki fait de son cinéma, celui des rêves et de l'imagination, le moteur interne et insidieux de sa dernière pièce : les passions, dans un maelström d'émotions, se dessinent alors dans un troublant et audacieux exercice d'acoustique humaine, primitive et puissante naïveté des effets sonores berçant le sublime systématique des images, tableau subjectif d'un éternel utopiste. Hanté par la subjectivité de son cinéaste, Le Vent Se Lève est une œuvre belle à en crever et incroyablement résignée, les rêves incapables de soigner les maux de la réalité. Le jeune Jiro, tel un Miyazaki guidé et englouti par son art, finit alors par lâcher ses larmes et, dans un ultime "Merci", livre une révérence des plus absolues.