Aujourd'hui, c'est la fin, la vraie : Hayao Miyazaki prend sa retraite et finit sur un onzième long-métrage, le dixième chez l'écurie Ghibli. C'est un moment historique et l'occasion de voir ce que le réalisateur de 73 ans a encore dans le ventre. Pour son ultime œuvre, il a décidé de délaisser pour la première fois l'univers fantastique pour concocter un biopic sur l'ingénieur Jirō Horikoshi, entremêlé de l'adaptation d'un roman de Tatsuo Hori. Un choix pas si étonnant lorsqu'on se penche un peu plus sur le personnage de Miyazaki...
Le Vent se lève possède trois fonds. Avant tout une biographie romancée de Jirō Horikoshi, créateur des fameux Chasseurs Zéro qu'utilisaient les kamikazes durant la Seconde Guerre Mondiale, le film se consacre principalement au travail de Jirō, à sa manière d'imaginer la conception de ces engins, à voyager pour découvrir de nouvelles technologies, à vivre ses rêves innocemment malgré l'horreur de la guerre qui l'entoure. Jiro n'est pas un fabriquant de bombardiers causant la mort, c'est un fabriquant d'avions, tout simplement.
Ensuite, le film adapte le roman "Le Vent se lève" de Tatsuo Hori qui raconte l'histoire d'une tuberculeuse dans un sanatorium. Miyazaki le mêle au personnage de Jirō rencontrant sa bien-aimée Naoko Satomi pour une histoire d'amour dont on devine l'issue tragique. C'est triste, émouvant mais c'est aussi parfois très gnan-gnan et c'est dommage, le rythme du film et son décor changeant dès lors pour prendre une toute autre forme un brin longuette et pas forcément très subtile.
Enfin, Le Vent se lève raconte de manière nuancée la propre vie de Miyazaki, le personnage de Jiro reflétant sa propre personnalité (un bigleux passionné d'aviation dessinant comme personne et vivant ses rêves coûte que coûte). De plus, le personnage de Naoko, malade mais bienveillante, rappelle indéniablement la propre mère du réalisateur (on repense à Mon voisin Totoro).
Ainsi, ce dernier long-métrage peut aussi se voir comme un exécutoire pour le metteur en scène japonais qui va y placer toute sa vie à travers des images somptueuses, certes dénuées de magie mais néanmoins toujours aussi maîtrisées. La musique de Joe Hisaichi est elle aussi fabuleuse, comme d'ordinaire, bien que le thème principal ressemble un peu trop à celui du Château dans le Ciel. Au final, on peut dire que Le Vent se lève est très différent de ce que nous avait proposé jusqu'alors Hayao Miyazaki et s'avère aussi personnel qu'imparfait. On ne boudera cependant pas notre plaisir face à cet ultime film qui restera forcément dans les mémoires.