Un chef-d'oeuvre d'animation
Critique
Le vent se lève est inspiré de faits réels, et garde la place de film le plus réaliste de Miyazaki. Pourtant, plusieurs fois dans le film, on entre dans le rêve, beau et magique. Jiro veut devenir ingénieur et veut créer de "beaux avions" comme Caproni, célèbre concepteur d'avions italiens qu'il rencontre dans ses rêves. Sa femme, Nahoko, est comme un moyen de se reconnecter au réel, de rappeler que le monde est injuste. Cette dernière, atteinte de la tuberculose, peut être vue comme une allégorie du vent: Elle arrive par hasard, et s'en va quand on ne s'y attend pas.
Le vent se lève suit un style cinématographique bien particulier: le portrait. Ou plutôt les portraits, car chacun des personnages du film représente une personnalité -poussée à bout sans pour autant être cliché- qui sera un facteur de la guerre et de la crise japonaise. Oui, le vent se lève est aussi un film historique, sur le Japon et sur la seconde guerre mondiale. Il livre un nouveau point de vue sur ce passage de l'histoire mondiale.
Dans ce film, le réel est monstrueusement cruel et violent. Rien ne parait justifié: la guerre, la tuberculose, le tremblement de terre, la famine...
Par contre, le rêve nous fait sortir de ce monde "sadique" qu'est celui de Jiro. Les avions sont perçus comme de "beaux rêve" quand Jiro rencontre Caproni en rêverie, alors qu'ils sont vus comme des machines de destruction dans le monde réel. Pour Jiro, l'aviation n'est au final qu'un "rêve", un cercle vicieux qui engloutit tous ses fantasmes.
Au niveau du dessin, le film est parfait. Les paysages sont sublimes et assez "impressionnistes", comme les tableaux que peint Nahoko. Le trait est aussi fin que dans ses précédents films. La lenteur des mouvements lui donne un charme, comme à ses précédents. Le nombre d'image par seconde est assez faible, aidant à la contemplation de long plans descriptifs. Les couleurs sont sublimes, rejoignant aussi le type de peinture que peint Nahoko.
Une chose m'impressionne vraiment dans les films de Miyazaki: les ombres toujours changeantes mais maîtrisées. Aussi, on remarquera sa manière fascinante de représenter le vent. En effet, le vent ne se voie pas, alors comment le représenter? En montrant ses conséquences, aussi petites soient elles, avec le monde, en montrant le frottement avec un avion qui provoque un long courant d'air, en montrant le contact de la rafale avec l'eau...
Celui qui aura trouvé le film long n'appréciera jamais ce réalisateur. En effet, c'est un style très particulier qui repose sur la rêverie et la méditation. L'histoire est très rebondissante, ce qui provoque assez difficilement l'ennui. Je ne comprends pas. Peut-être le fait que ce soit un dessin animé influence la critique que vous lui porterez...
La musique est magnifique, accompagnant tout le film par ses notes "romantiques".
Pour cette odyssée réaliste et touchante mais pleine de rêverie, accompagnée par le trait fin et délicat et les paysages contemplatifs de Miyazaki, je mets 17,5/20.
La scène:
Le moment du tremblement de terre. Un véritable exploit d'animation. Non seulement réaliste, mais aussi terriblement angoissante, cette scène fait trembler le spectateur par ses grandes vagues de terre et son gros "brroouum" assourdissant, extrêmement grave, presque humain, qui rappelle d'autres films de Miyazaki, comme le voyage de Chihiro ou le château ambulant.
