« désires-tu un monde avec ou sans pyramide ? »
Dimanche dernier (ouais je raconte ma vie) je m’étais organisé une journée marathon et dans le programme j’avais une séance pour Le vent se lève l’ultime film d’Hayao Miyazaki. Bien sûr j’ai privilégié la VO et comble de joie voilà qu’un Japonais s’assoit à côté de moi (et putain Nina je sais différencier le Japonais et le Chinois !), je voyage avant même que le film ait commencé! (Je raconte vraiment ma vie en fait… La salle était petite, les sièges étaient confortable, et j’avais pris une bouteille d’eau, j’avais soif.)
Le vent se lève, est assez différent de ses autres films dans la mesure où cette fois il place son action dans une réalité historique et qu’il adapte à l’écran la vie de Jiro Horikoshi. Une vie passionnante et empreint de moment dramatique dans laquelle le réalisateur s’est certainement en partie reconnu. Hayao Miyazaki partage énormément de point commun avec Jiro. Ils sont tous les deux passionnés d’aviation (son père et son oncle possédaient une entreprise en aéronautique.), ils dessinent, étudient les formes et ont tous deux une folle envie de les animer. Malheureusement ils ont également vécus la maladie d’un proche et la guerre.
Le film débute sur Jiro enfant. On le voit vivre sa passion pour les avions et très vite plusieurs années vont passer. Nous voilà basculé en 1923 dans un train et dans quelques minutes notre protagoniste subira les ravages du grand séisme de Kantô qui détruira une grande partie de la ville de Tokyo, l’histoire s’étend ensuite jusqu’à la seconde guerre mondiale. Les trains, les avions, les maisons, les rues, chaque élément du décor est important et fait partie inhérente du propos du réalisateur qui nous montre en toile de fond l’évolution qu’a vécu le japon durant ces 20 années.
Des années chargées s’il en est, une guerre vient de se finir et l’ombre de la seconde plane à nouveau. « Le japon va exploser » un message tristement prophétique qui reviendra plusieurs fois dans la bouche de ses personnages. Le vent se lève est un film constamment ambiguë oscillant entre la joie et la mélancolie. Ce que reflète certainement très bien le titre du film et son sens changeant et imprévisible. La romance entre Nahoko et Jiro débute et se conclu par des instants qui semble suspendu. L’ambiguïté règne également dans la quête de Jiro pour construire un « bel avion ». En tant que spectateur nous avons envie que Jiro arrive à le construire mais tout comme le personnage nous savons également la manière dont l’appareil servira une fois muni de mitraillette.
C’est un beau film, émouvant mais aussi drôle et joyeux qui laisse place au choix de ses personnages et le désir d’Hayao de comprendre ce qui pouvait amener des ingénieurs à construire des appareils aussi meurtrier « désires-tu un monde avec ou sans pyramide ? ». La musique (que je suis en train d’écouter pour écrire cette critique) de Joe Hisaishi est une ritournelle alternant une nouvelle fois avec les instants du film, il y a un thème pour Nahoko et un thème pour Caproni qui symbolise les moments passé dans les rêves inspirants Jiro. Le vent se lève d’Hayao Miyazaki est un film très personnel et forcément beaucoup moins onirique que ses précédents film d’animation mais toujours fait avec cette poésie qu’on lui connait.
« Le vent se lève ! Il faut tenter de vivre. » Paul Valéry.
P.S. Ecouter l’EP Morning in Japan de Fakear, il y a quatre superbes morceaux et ce sont tous des samples issus de BO des films de Miyazaki.